Rammstein - La chronique CD

Rammstein annonce la tonalité dès son premier morceau et ceci jusqu’au dernier. Le groupe allemand retourne aux sources electro et indus metal de ses premiers albums Sehnsucht (1997) et Mutter (2001). Bien entendu, la voix grave et suave de Till assure avec les choeurs la puissance directrice des morceaux, mais elle est dans cet album surtout renforcée par les rythmes dance et electro des claviers de Christian et étouffés de la batterie de Christoph : "Deutschland" (https://www.youtube.com/watch?v=NeQM1c-XCDc), "Radio" (https://www.youtube.com/watch?v=z0NfI2NeDHI), "Ausländer" (https://www.youtube.com/watch?v=pat2c33sbog). Les guitares aux cordes appuyées de Richard et de Paul sont plus rares et s’affirment surtout dans le morceau "Puppe" . "Was Ich Liebe" confirme cette alternance et la capacité de Rammstein de passer du rythme Dance Music au rythme Heavy Metal. Les cordes servent parfois à elles seules de support à la voix de Till comme dans "Diamant" où le lyrisme et la mélancolie sont de mise. "Tatoo" et "Sex", au contraire, sont beaucoup plus Rock et plus euphoriques. "Hallomann" termine de façon synthétique au propre et au figuré l’album dont les deux morceaux phare qui marquent l’oreille et la mémoire sont "Deutschland" (https://www.youtube.com/watch?v=NeQM1c-XCDc) et "Weit Weg" (https://www.youtube.com/watch?v=vZcr2GkKoTk) où les claviers pénétrants rivalisent d’intensité avec les guitares lourdes.
Inspiration gothique oblige, Rammstein ne déroge pas à l’évocation du sexe déjà présent dans Rosenrot. L’érotisme suggestif et cru sont présents dans le refrain de "Sex" :
"Sex ! Komm zu mir
Sexe ! Viens vers moi
Meins ist deins und das in dir
Le mien est le tien et ça en toi
Sex ! Komm mit mir
Sexe ! Viens vers moi
Denn besser wiederlich als wieder nicht
Même si c’est dégoûtant, c’est mieux que rien
Wir leben nur einmal
On ne vit qu’une fois
Wir lieben das Leben
On aime la vie"
(Traduction issue de https://www.lacoccinelle.net)
Il y a aussi la référence à la nuit et au mystère qui l’entoure comme dans "Weit Weg" :
"Wieder ist es Mitternacht
Minuit sonne à nouveau
Sie stehlen uns das Licht der Sonne
Elles nous volent la lumière du soleil
Weil es immer dunkel ist
Parce que les ténèbres règnent toujours
Wenn der Mond die Sterne küsst
Quand la lune embrasse les étoiles
Gothique, Rammstein se positionne en critique de l’hypocrisie de la religion dans "Zeig Dich" :
"Zeig dich ! Versteck dich nicht
Montre-toi ! Ne te cache pas
Zeig dich ! Wir verlieren das Licht
Montre-toi ! Nous perdons la lumière
Zeig dich ! Kein Engel in der Not
Montre-toi ! Pas d’ange dans le besoin
Und kein Gott zeigt sich, der Himmel färbt sich rot
Et aucun Dieu ne se montre, le ciel devient rouge"
(Traduction issue de https://www.lacoccinelle.net)
Il n’en reste pas moins qu’en dehors du goût pour la provocation et l’expressionnisme, Rammstein s’affirme comme un groupe engagé. On se souvient des chansons "Amerika" et "Moskau" de l’album Reise, Reise qui plaçaient le sextuor en critique des sociétés américaine et russe. Dans "Deutschland", "Radio" et "Ausländer", le groupe ne cherche pas à entrer dans la propagande, mais réécrit l’hymne et les ondes allemandes, afin de construire l’appartenance au peuple allemand pour tous, sans exclusion, et son caractère polyglotte par l’emploi du français, de l’anglais, du russe pour dire l’amour.
Cet opus est celui qui a demandé la plus longue gestation de la part de Rammstein. On peut s’étonner du titre qui en est simplement éponyme du nom du groupe. Peut-être y faut-il voir un retour aux origines du groupe et une synthèse des styles et des thèmes développés depuis 1997. Son écoute et son imprégnation se construisent au fur et à mesure du temps que l’on laisse à l’esprit, pour mettre de côté les deux gros piliers successifs de la carrière rammsteinienne que sont Reise, Reise et Rosenrot.