Au paradis, c’est l’enfer !
Le 14 septembre 2004
Rade Terminus, c’est l’histoire d’une rencontre entre Occidentaux et autochtones sur l’île de Madagascar. C’est surtout un roman drôle et joliment mené.
- Auteur : Nicolas Fargues
- Editeur : Editions P.O.L
- Genre : Roman & fiction
- Nationalité : Française
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On ne peut pas dire que le nouveau roman de Nicolas Fargues manque de sel. D’une part parce qu’il se passe au bord de l’océan Indien, d’autre part parce qu’il est rempli d’humour. Diégo-Suarez... Ce nom ne vous dit rien ? Il s’agit d’une ville de Madagascar, située dans "la plus grande baie du monde après Rio". Paysage de rêve pour certains, cauchemar ensoleillé pour d’autres. Ancienne colonie française, paradis de la débrouille et des petits arrangements entre amis, royaume des 4L... Refuge pour glandeurs préférant attendre la mort sans un nuage au-dessus de la tête.
C’est là que vont débarquer plusieurs petits Français aux buts plus ou moins avouables. Philippe, responsable d’une ONG, marié, amoureux, deux enfants (bientôt trois), cédant rapidement à la légèreté des mœurs locales. Durant son périple, il prend sous son aile Amaury, un jeune stagiaire tendance qui devient la cible préférée des moustiques. Mathilde, une touriste pleine de naïveté et de candeur, romantique à souhait, vient y passer quelques jours de vacances. Et puis il y a Maurice, marié à une fille du pays, qui après avoir tout plaqué en France se retrouve dans une "maison sans cadenas".
Tout ce beau monde va aller de bonnes surprises en déconvenues, déboussolé par une manière de vivre et de fonctionner totalement nouvelle. Le regard de Nicolas Fargues sur ces Occidentaux noyés parmi les Malgaches donne lieu à des scènes et des monologues d’une drôlerie absolue. Se moquant autant des uns que des autres, Fargues prouve qu’il manie le dialogue pour appuyer là ça ou fait mal et qu’il excelle dans la façon de façonner les travers de ses anti-héros. Tout en traitant à la fois de la corruption, de l’intégration, du racisme et du tourisme sexuel, Fargues ne s’égare jamais dans les mauvais clichés. On pense au William Boyd d’Un anglais sous les tropiques et à ces Européens en mal d’exotisme et de reconnaissance qui s’aperçoivent, mais un peu trop tard, que la chaleur ne leur réussit pas. La grande morale de cette histoire ? Les coups les plus douloureux ne seront jamais les coups de soleil !
Nicolas Fargues, Rade Terminus, P.O.L., 2004, 325 pages, 19,90 €
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