R.A.S Nucléaire, rien à signaler - la critique

À une époque où le recours à l’énergie du fractionnement de l’atome est présenté comme la solution à l’indépendance énergétique, ce documentaire apporte de nouveaux éléments à la nécessaire et impérieuse réflexion sur le nucléaire.

L’argument : Pour ou contre le nucléaire ? Et si la question était ailleurs ? Un témoignage essentiel manque au débat, celui des travailleurs du nucléaire. Notre sécurité est entre leurs mains. Ce film leur donne la parole.

La critique : Alain de Halleux a décidé de prendre des chemins de traverse pour partir à la rencontre du nucléaire. Il ne s’agit pas ici de proposer un cours magistral sur la technique nécessaire au maintien des centrales atomiques, l’un des fleurons de l’industrie française, mais de laisser essentiellement s’exprimer les petites mains qui s’affairent pour veiller à leur bon fonctionnement.
Le réalisateur rend ainsi visite, au cours d’un périple franco-belge, à ces ouvriers de l’atome sacrifiés sur l’autel de la sous-traitance, devenus des pièces interchangeables passant d’entreprise en entreprise au gré des faillites, fusions et acquisitions, mais aussi aux citoyens inquiétés par le silence dans lequel se drape cette industrie. L’accent est ainsi mis sur la perte du savoir-faire, souligné comme crucial, la dilution des responsabilités, les contraintes et la pression psychologiques qui pèsent sur ces personnes. Au final, le documentaire d’Alain de Halleux s’impose comme un réquisitoire particulièrement sévère à l’encontre de la gestion du nucléaire. Il accumule les témoignages que l’on comprend précieux tant il semble évident qu’en dehors de ce type de démonstration la parole est rarement libre.
Un documentaire court et efficace, qui fait froid dans le dos et où il n’est pas question d’asséner une vérité mais d’inviter à la réflexion. Si actuellement une majorité croissante de la population française estime que "le choix du nucléaire pour produire les trois quarts de l’électricité en France présente plutôt des avantages", gageons que le visionnage de ce film pourrait un jour modifier cette opinion.