Le 10 janvier 2024
En exhumant de vieux films amateurs, Arnaud des Pallières fait parler les morts et le XXe siècle américain. Exigeant certes, mais gratifiant.
- Réalisateur : Arnaud des Pallières
- Genre : Historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films de l’Atalante
- Durée : 1h48mn
- Titre original : Journal d'Amérique
- Date de sortie : 22 novembre 2023
- Festival : Festival de Berlin 2022
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Résumé : Pense à l’Amérique, me suis-je dit. Aux cités, aux maisons, à tous les gens, aux arrivées, aux départs, à la venue des enfants, à leur départ, à la mort, à la vie, au mouvement, à la parole. Pense au profond soupir intérieur de tout ce qui vit en Amérique. Penche-toi. Ramasse ce que les autres laissent perdre de la vie. Et fais-en quelque chose.
Critique : En 1982, Rick Prelinger, un archiviste américain aussi passionné que besogneux, se lançait dans un projet fou, qui l’occupe encore à l’heure actuelle : recueillir des vidéos « éphémères » tels que les films d’entreprise ou éducationnels, ou morceaux de home movies capturés en super 8. Une façon de mettre en lumière un cinéma « naïf », conçu par celles et ceux qui sont des témoins de leur époque, mais dépouillé de tout le surmoi qui peut caractériser le cinéma de fiction. Une façon, aussi, de raconter une histoire visuelle alternative de son pays, dans la lignée de ce qu’avaient entrepris, à l’écrit, Howard Zinn (Une histoire populaire des États-Unis) ou Studs Terkel (Working), en confiant la parole aux gens de peu, ces silhouettes que l’on croise dans les romans de Steinbeck ou John Dos Passos.
- © 2023 Iwaso Films, Les Films Hatari / Les Films de l’Atalante. Tous droits réservés.
Ce formidable vivier d’images, le cinéaste Arnaud des Pallières (Michael Kolhaas, Orpheline) y a plongé tête la première pour raconter le XXe siècle, dans toute sa flamboyance et ses excès, à travers les yeux d’un quidam, un « average Joe » comme on dit là-bas – inventé mais dont l’existence est rendue crédible tant elle pourrait être celle de bien des hommes. Devant nos yeux, les fantômes de cent ans d’Histoire américaine défilent devant nos yeux, depuis cet Ouest américain désormais dompté jusqu’à l’assassinat de JFK, en passant bien sûr par la Seconde guerre mondiale, abondamment filmée. Par-dessus, ni voix off ni dialogues : simplement des intertitres, comme au temps du cinéma muet ; le moyen pour de Pallières de faire répondre à ce déluge d’images des textes très écrits et de livrer une certaine vision des frictions américaines, hélas parfois trop manichéenne ou trop peu étayée – comme cette longue digression verbeuse sur les « requins » et les « petits poissons ».
Recourant à ce que l’on appelle en psychanalyse la libre association, de Pallières fait s’entrechoquer les profusions d’images et de références. Charge au spectateur, ensuite, d’en trouver le sens et la valeur. Un cinéma exigeant, parfois aride ? Peut-être. Une expérience difficilement oubliable ? Sans aucun doute.
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