Docteur Tue-l’amour
Le 3 mars 2012
Une réflexion pertinente qui cloue le bec des politiques et surtout d’une certaine politique énergétique française tout simplement criminelle.


- Réalisateur : Eric Guéret
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Arte Vidéo
- Durée : 1h38mn
- Plus d'informations : http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le...

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Une réflexion pertinente qui cloue le bec des politiques et surtout d’une certaine politique énergétique française tout simplement criminelle.
L’argument : Les déchets sont le point faible du nucléaire, son talon d’Achille, son pire cauchemar. Les populations en ont peur, les scientifiques ne trouvent pas de solution acceptable, les industriels tentent de nous rassurer et les politiques évitent le sujet.
Mais, qu’en connaissons-nous exactement ? Comment les populations peuvent-elles avoir une vision claire d’un domaine couvert depuis toujours par le secret ?
France, Allemagne, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Russie : cette enquête internationale scientifique et politique aborde le sujet tabou du nucléaire par sa zone la plus sombre. En partant à la quête de « la vérité sur les déchets », ce film a l’ambition de donner enfin à chacun les clefs pour comprendre des choix qui pèsent lourd dans l’avenir de l’humanité.
Notre avis : Eric Guéret, auteur et réalisateur du film, et Laure Nouhalat, co-auteure, nous emmènent dans une passionnante enquête à travers le monde, à la découverte des lieux emblématiques de l’industrie nucléaire : Hanford, aux États-Unis d’Amérique, au cœur du projet Manhattan dans les années 40, Tomsk et Mayak, en Russie, et la Hague, en France, avec sa célèbre usine de retraitement.
Abordant ce domaine dans ses dimensions scientifiques, économiques et politiques, les auteurs font montre d’un effort didactique louable pour apporter un éclairage sur l’origine de cette industrie mais aussi sur ses conséquences actuelles et à long terme, tant pour les Hommes, en particulier, que pour la vie sur la planète, en général.
Suivant les failles du système, mettant à jour les contradictions des acteurs de l’industrie du nucléaire, levant le voile pudiquement posé sur cette pollution invisible, où les seuls indices sont les crépitements affolés des compteurs Becquerel, témoignages et rapports sont accumulés durant les 98 minutes que dure ce documentaire, constituant ce que l’on peut, sans hésitation, qualifier, de preuves accablantes.
Le film pose donc très clairement la question de l’intérêt de ce moyen de production énergétique, à l’heure où d’aucun présente le nucléaire comme la solution face au bouleversement climatique actuel puisque répondant très facilement au critère du zéro CO2 du « new deal environnemental ». Bien qu’instruisant le dossier quasi uniquement à charge, le documentaire constitue cependant une réflexion salutaire.
On pourra compléter le visionnage du documentaire par la lecture du livre de Laure Noualhat (en librairie le 3 octobre, 200 pages, Coédité par Arte Éditions et le Seuil) qui donne, là où la concision du reportage ne le permet pas, la possibilité de développer certains aspects et notamment en donnant voix aux habitants des zones contaminées : Indiens Yamaka et habitants de la ville de Richland pour le site étasunien et villageois de Muslimovo pour la Russie. On lira notamment avec intérêt l’épilogue où la question du balisage des zones d’enfouissement de matières durablement radioactives et la création d’un langage intemporelle y afférent, survivant à l’humanité, est abordée.
Le DVD
Une édition simple et rigoureuse qui a le mérite d’exister pour dénoncer !
Les suppléments
En complément du film, une interview croisée de 39 minutes d’Eric Guéret et de Laure Nouhalat donne un éclairage supplémentaire sur les intentions du réalisateur et de l’auteure du livre ainsi que sur les difficultés rencontrées lors du tournage.
Images
L’image est celle d’un programme télévisuel de grande qualité. Pas de faux pas dans la restitution simple et efficace d’un document qui dépasse largement le cadre du plaisir esthétique.
Son
La simplicité est encore de mise dans la restitution sonore. L’éditeur nous propose une piste en stéréo Dolby Digital parfaitement acceptable pour ce type de document.