Le 20 octobre 2020
Un documentaire choc qui raconte l’épouvante de la désindustrialisation dans un face-à-face salutaire entre les organisations syndicales et la direction, avec en ligne de fond le cynisme d’un capitalisme sans limite et l’impuissance du politique.
- Réalisateur : Eric Guéret
- Nationalité : Français
- Distributeur : New Story
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 21 octobre 2020
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Résumé : Dans le Nord, l’aciérie Ascoval est menacée de fermeture. Les 300 salariés ont une année pour trouver un repreneur. Dans la chaleur des fours, sur les barrages routiers et jusqu’aux couloirs de Bercy, les ouvriers, la direction, et les responsables syndicaux refusent de se laisser submerger par cette violence mondialisée : l’usine est neuve, rentable, et parfaitement convertible dans une économie de développement durable. Ce sont les vies de ces hommes et femmes et de leurs familles qui sont en jeu. Leur ténacité et leur union feront leur force.
Critique : Ça commence par des visages. Ce sont des hommes surtout. Ils pleurent. Ils racontent l’effroi de toute une vie quand l’activité d’aciérie qui les nourrit depuis trente ans va fermer ses portes. On pense immédiatement à un président de la République, haranguant un chômeur du Nord sur le fait qu’il n’avait qu’à traverser la rue pour trouver un travail. Mais ces ouvriers entretiennent un rapport à leur travail presque charnel, en tous les cas identitaire. C’est toute leur existence qui est en jeu, ainsi que leur besoin de reconnaissance devant leur implication professionnelle. Celle de leurs familles, de leurs amis, et de tous ceux qui indirectement sous-traitent avec l’aciérie. Eric Guéret a partagé dix-huit mois avec les ouvriers, les cadres de ce fleuron de l’industrie, Ascoval. On assiste aux feux bruyants qui permettent à l’acier de fondre dans d’immenses cuves, provoquant des halos de lumière et d’énergie. Les feux s’allument dans le cœur des hommes en quête d’un repreneur.
- Copyright Eric Gueret
Le feu sacré ressemble à une aventure policière où chaque jour amène ses espoirs et ses désespoirs. Les ministres, sénateurs et députés se succèdent aux tables de négociation, pendant que les capitalistes sinistres font échouer des projets de rachat. Le film se regarde d’un souffle, comme si l’on assistait à la déconstruction de tout une partie de la France et de l’Allemagne, celle de sa désindustrialisation, qui, depuis l’abandon du charbon, ne cesse de décimer les terres du Nord et de l’Est. Les hommes luttent. Eric Guéret offre à la caméra le visage de directeurs et de représentants syndicaux admirables. On est loin des luttes de classe d’un autre temps. Ce sont des gens qui se battent pour sauver leur monde, leur travail et leur dignité. Les syndicats négocient, les directions cèdent ou résistent à la pression des ouvriers quand il s’agit de négocier un accord sur la durée du travail, et les actionnaires tout puissants continuent, eux, de mettre à néant ces milliers d’heures à tenter d’imaginer un avenir possible pour l’entreprise.
- Copyright Eric Gueret
Il y a un parti pris presque romanesque dans le regard d’Eric Guéret. Le cinéaste façonne des personnages, des émotions, à la lumière de ce monstre de feu qu’est l’entreprise Ascoval. La musique ample accompagne le récit de lutte, de larmes et de sueur. On perçoit dans le documentaire la recherche d’une vérité qui transcende le clivage de l’économie et du social, comme si cet effort que les femmes et les hommes mettent ensemble à construire un projet relevait d’une forme de sacralité. Parfois, le récit s’entrecoupe d’images très belles sur les machineries magnifiques, sur des dos d’ouvriers occupés à faire fondre l’acier, comme des incises poétiques au milieu du combat.
- Copyright Eric Gueret
Voilà une œuvre puissante et lumineuse qui, en ces temps inédits de morosité et d’angoisse, révèle la possibilité d’un renouveau industriel. Surtout, Le feu sacré rend hommage à un cinéma d’auteur écrit comme un dernier bastion contre le déterminisme et la faillite de l’espérance.
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