Notre avis : Deux comédiens dont le talent n’est plus à prouver, un beau décor tout de bois qui restitue ce que l’on imagine de l’intérieur d’une maison de bord de mer sur la côte est des Etats-Unis au milieu du siècle dernier, deux personnages en tous points opposés que l’on pressent prêts à s’affronter, un texte d’Israël Horovitz, on se dit que toutes les bonnes fées du théâtre se sont réunies au théâtre Edouard 7 pour donner naissance à un chef d’oeuvre. Et pourtant on s’ennuie ferme.
Si Arditi réussit le tour de force de rendre presque sympathique ce vieil homme acariâtre et aigri et si Emmanuelle Devos nourrit d’une réelle subtilité ce personnage capable de passer en douceur de l’ingénuité la plus drôle à la cruauté la plus savamment élaborée, la mise en scène atone et ralentie par des trous noirs entre chaque scène, ne laisse jamais éclater la tension que ce huis-clos sous-tend.
Les dialogues sont agréables à écouter et on se laisse bercer tant par la musique des voix des comédiens que par les nombreux extraits de musique classique régulièrement émis. (le personnage principal est un ancien professeur d’histoire de musique). Quand enfin la valse des non-dits et des faux-semblants cesse au profit d’un début d’action, il est trop tard, la torpeur s’est installée.