Le 27 septembre 2024
- Scénariste : Raphaël Geffray>
- Dessinateur : Raphaël Geffray
- Genre : Dystopie, Mélodrame, Inégalités sociales, Passion
- Editeur : Sarbacane
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 4 septembre 2024
Le cœur d’une femme puissante est ébranlé par un crush d’un soir… Et voilà que cette secousse intime interagit dans la gestion de son entreprise. L’inquiétude s’installe parmi ses collaborateurs... Les travailleurs se mettent en grève, et progressivement, la mécanique entrepreneuriale déraille. Côté cœur, au contraire, la passion s’accroît... Mais… à cet endroit-là, n’est-il pas aussi question de dévastation ?
Résumé : Hannah est la directrice d’une énorme gare. Femme puissante et dirigiste, elle tombe amoureuse d’un musicien rencontré dans un gala. Celui-ci s’apprête pourtant à rentrer chez lui après la tournée de son groupe de musique. Par un détournement de code numérique, et surtout par le pouvoir qu’elle détient, elle parvient à bloquer son départ et à le retenir près d’elle. Commence alors, un grand dérèglement tant dans les cœurs des différents protagonistes que dans le maintien de l’ordre de la gare. Un album qui se lit comme une fable sur le pouvoir de la technique.
Critique : Pour Hannah, la gare, c’est toute sa vie... Une énorme gare dont toute l’organisation se fait dans une tour géante où culmine au dernier étage les appartements de cette femme. En dessous, une succession de bureaux, de couloirs où fourmillent les techniciens, les représentant de l’ordre, les gestionnaires, les travailleurs, les usagers. Elle règne sur les flux des passagers et des transports comme un chef d’orchestre. Tout va bien jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’un musicien qu’elle parvient à retenir près d’elle. Elle fait de cet Adam, un captif. Voulant lui offrir son amour, elle lui ouvre les portes du luxe, tout en le tenant prisonnier dans l’enceinte de la gare. Une relation étrange s’installe entre eux. Il revient au lecteur de déterminer s’il s’agit d’amour, de possessivité ou d’égoïsme.
Quoi qu’il en soit, Hannah délaisse son entreprise... Exclusivement occupée qu’elle est à combler les attentes de cet homme qu’elle retient. Devenant sa maîtresse, elle se dessaisit de sa place de capitaine de la gare. Déléguant ses fonctions de direction, la machinerie déraille progressivement. Des couloirs immenses se vident quand d’autres commencent à saturer... Les voyageurs se perdent et le transport ferroviaire se dérègle... L’ampleur du désastre s’étend sur les transports urbains qui doivent faire face à l’instabilité qui s’installe dans la gare. Actionnaires et syndicalistes commencent à se faire entendre. Ils discutent sans se comprendre... À certains étages, couloirs, des mouvements de grève se forment rendant la tâche toujours plus délicate aux gestionnaires de la gare qui sans l’autorité d’un maître semble se montrer incapables de prendre les décisions efficaces. La menace de la grève générale devient de plus en plus palpable... Et avec elle, les peurs et les espoirs qu’elle suscite !
- © Raphaël Geffray / Sarbacane
Raphael Geffray signe ici son second album. Il parvient à sonder les cœurs des humains, mais aussi des systèmes. Son album est comme une fable qui met en scène les interactions entre humain et technique. Il est à la fois grotesque et cinglant. Son trait est fin et sec : des lignes et du vide. Le dessin est clinique.
Des personnages, nombreux dont les visages ne se devinent pas forment une foule d’anonymes, une foule qui grouille et qui s’agite, formant une forme presque organique et monstrueuse. Les personnages principaux ne sont pas franchement gracieux... Rien n’est fait pour séduire... Pourtant, dans cet album, il y est plus d’une fois question de séduction, de manipulation, mais aussi de défiance et de trahison. La mise en scène dans ce quasi-huis clos ferroviaire est décapante. Il nous fait monter et descendre dans la tour. Observer les flux, les hommes par les caméras de surveillance, les écrans de contrôle.
Dans cette gare, on y étouffe et on n’ y comprend rien et néanmoins, on y observe beaucoup de choses. La mise en page joue sur des effets de zoom et de plans larges. Des vues plongeantes sur un spectacle vrombissant, mais aussi sur des espaces vides de sens, parfois plein de luxe et ailleurs plein de saleté. L’auteur parvient à mettre en scène ce microcosme où s’active une foule de sans nom et ceux qui détiennent les pouvoirs , ceux qui résistent, ce qui obéissent, ce qui régissent et ceux qui filoutent.
- © Raphaël Geffray / Sarbacane
La narration est à l’image de la gestion de cette gare, stratégique. Elle se lit comme un ouvrage sur l’art de la guerre. Pourtant, nous sommes là, dans un endroit des plus communs pour nombreux habitants de ville : les couloirs d’une gare.
Raphaël Jeffrey signe une BD irrévérencieuse à la fois superficielle et subtilement corrosive. Au lecteur de découvrir les clés de ce désastre opérant.
192 pages - 26 €
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