Quand David Chauvel rencontre Lewis Carroll

David Chauvel tente le pari audacieux d’adapter l’un des plus grands chefs d’oeuvres de la littérature : Alice au Pays des Merveilles. Son long partenariat avec Delcourt avait notamment donné la saga Arthur, et signe aujourd’hui cette nouvelle BD chez Glénat avec Xavier Collette.

Qu’est ce qui vous a décidé à créer une nouvelle saga Alice au Pays des Merveilles ?
Depuis le jour où j’ai commencé à réfléchir à une transposition de classique en bande dessinée, j’ai eu envie de faire un Alice. Je choisis à dessein le terme de transposition, car pour les trois classiques que j’ai eu le bonheur de retranscrire en bande dessinée, c’était vraiment mon but. Il ne s’agissait en rien d’une adaptation qui, pour moi, sous-entend que son ou ses auteurs en livre une interprétation personnelle, ce qui n’a jamais été mon but. Je voulais faire un beau livre d’Alice, principalement pour les enfants, qui leur donne envie, un jour, d’ouvrir ceux de Lewis Carroll.

Comment est né le projet ?
De ma rencontre avec deux illustrations de Xavier, l’une représentant le lapin blanc et l’autre le chat du Cheshire. Cela faisait plusieurs années que j’attendais de trouver LA bonne personne et j’ai eu le sentiment d’avoir enfin trouvé. Une sorte de coup de foudre graphique. :)

Etiez-vous au courant de la sortie du film deTim Burton lorsque vous avez commencé le scénario ?
Absolument pas. Comme je l’ai dit, cela faisait plusieurs années que je cherchais un dessinateur. Et lorsque nous avons démarré le livre ensemble, personne ici ne savait qu’un film était en préparation. Nous l’avons appris en cours de route et la seule chose que ça a changé au projet a été que Xavier a dû accélérer la cadence afin que nous ne sortions pas après la sortie du film, ce qui aurait été idiot et vain.

Comment s’est passé votre collaboration avec Xavier Collette ?
De la meilleure manière possible. Xavier a eu la gentillesse de me faire confiance et de s’appuyer sur ma modeste expérience, notamment en matière de narration... Et pour le reste, il n’a fait que m’éblouir et m’étonner, page après page. C’est un véritable cadeau qu’il m’a fait, qu’il a fait à tous les amoureux de beaux livres...

Etes-vous resté totalement fidèle à l’histoire de Lewis Carroll ? Pensez vous qu’elle s’adapte bien à un univers bande dessinée ?
Absolument. D’une fidélité aussi absolue que possible. Avec parfois de long questionnements, sur les coupes, sur le rythme, sur les difficultés de traduction, puisque comme pour le Magicien d’Oz ou l’île au Trésor, j’ai bien sûr travaillé sur le roman en langue anglaise. Je suis modestement content de certaines petites trouvailles, qui m’ont bien amusé, mais qui ne sont bien entendu que rognures d’ongles comparées aux trouvailles de Carroll. Comme les deux sus-cités, je trouve qu’ils se prête magnifiquement à une adaptation en images, qu’elles soient fixes ou mouvantes, ne serait-ce que par l’incroyable galerie de personnages, lieux et situations présentés. En cela, il est très proche du magicien d’Oz même pour le reste, totalement différent. J’espère en tout cas que nous n’avons rien trahi.

Le film de Tim Burtonest une révolution technologique. A ce propos, que pensez-vous de l’avènement de la BD numérique ?
La même chose que mes camarades du groupement des auteurs de bande dessinée du SNAC, dont je suis un humble animateur : qu’elle ne sera une chance que si elle est faite en bonne intelligence AVEC les auteurs et non CONTRE ou SANS eux, comme c’est le cas actuellement, en tout cas dans les maisons d’éditions traditionnelles.

Quels sont vos projets futurs ?
Refaire un livre avec Xavier, bien sûr. :) A part ça, je ne manque pas de projet en tant qu’éditeur (Le Casse et bien d’autres choses), comme en tant que scénariste, avec cette année, la suite de Mafia Story et le lancement d’une nouvelle série de Fantasy avec Jérôme Lereculey aux crayons. Et bien d’autres choses à paraître l’année prochaine... On en reparlera, j’espère !! :)

Question Champ Libre : C’est parce que vous êtes à court d’inspiration que vous faîtes autant d’adaptations de classiques ?
Monsieur, je ne vous permets pas. Voici mon gant de pied !! Chlouck chlouck !! Vous m’en rendrez raison, demain matin, au crépuscule, avec deux de vos batraciens !! Je vous laisse le choix des armes, pourvu qu’elles soient à cloche-pieds et au chocolat glacé. Non mais !!