S.O.S. Fantômes
Le 18 janvier 2011
L’iconoclaste Hélène Angel réussit une moitié de film fantastique avant de lâcher le spectateur pour une réflexion sociale mal maîtrisée.
- Réalisateur : Hélène Angel
- Acteurs : Charles Berling, Valérie Bonneton
- Genre : Fantastique, Thriller
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 19 janvier 2011
- Plus d'informations : Le site officiel du film
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– Durée : 1h20mn
L’iconoclaste Hélène Angel réussit une moitié de film fantastique avant de lâcher le spectateur pour une réflexion sociale mal maîtrisée.
L’argument : Claire et Benoît arrivent à la campagne pour vendre la maison de famille dans laquelle le frère de Claire s’est récemment suicidé... Benoît veut lancer au plus vite des travaux afin de vendre au meilleur prix. Claire, dès le premier soir, est persuadée qu’ils ne sont pas seuls dans la maison...
- © Epicentre Films
Notre avis : Comme c’est rageant ! Après le récent Captifs, nous tenions presque un nouveau film de genre français réussi en l’espace de trois mois seulement. C’était trop beau pour être vrai. Mais nous y avons pourtant cru le temps d’une première partie maîtrisée et haletante faisant judicieusement appel, tout comme le film de Yann Gozlan, à des effets angoissants classiques mais redoutables. Sans introduction, le couple Berling/Bonneton débarque dans cette maudite maison et la peur n’aura de cesse de croître sur fond de désaccords conjugaux irréversibles. A tous les niveaux, le suspense est savamment entretenu. Le mystère flotte autour du frère suicidé, de sa relation avec sa sœur, de la folie naissante de cette dernière, mais aussi autour du mari débordé (que fait-il ? est-ce qu’il trompe sa femme quand il ne rentre pas le soir ?). Tout ou presque est sujet à interprétation, des phénomènes paranormaux à la trivialité du couple en crise. Il y a même un élément métaphysique quasiment lynchien (le trou dans la cave) pour parachever ce qui s’annonçait comme un film fantastique de haute tenue.
Et puis patatras. Le fantastique, justement, s’évapore à la moitié du film lors d’un rebondissement difficilement explicable dans cet article. Entendons-nous bien, la dimension sociale prise par le métrage est loin d’être inintéressante et met en lumière une violente confrontation avec le réel. Pour résumer, la petite bourgeoisie préfère fantasmer sur les fantômes de son passé plutôt que de s’intéresser aux laissés-pour-compte vivants comme des spectres à la lisière de la société. L’idée est belle mais malheureusement le traitement ne convainc pas, pour la bonne et simple raison que la tension qui animait le film s’est complètement envolée. En déplaçant les enjeux, Hélène Angel a pris le risque de perdre le spectateur de la même manière qu’elle perd ses personnages qui, livrés à eux-mêmes, sombrent petit à petit, de façon caricaturale, dans une colère et une folie plus du tout crédibles, jusqu’à s’embourber dans une scène finale grotesque où l’on retrouve le côté Grand-Guignol qui surgit dès que le cinéma français s’essaie au genre horrifique et fantastique. Oui, effectivement, c’est vraiment rageant !
- © Epicentre Films
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Jujulcactus 29 janvier 2011
Propriété interdite - la critique
Intrigué avant la projection, je le suis encore un peu après... Car « Propriété interdite » est un film français qui se démarque des autres, qui prend des chemins inédits, qui surprend sans cesse... On débarque dès les premières secondes dans une grande demeure qu’on ne quittera jamais en vérité, un couple vient s’y installer pour la retaper afin de la revendre puisque le frère de la femme vient de décéder (d’un suicide) et laisse la maison dans un sale état. L’atmosphère s’assombri de suite, l’ambiance devient assez lourde et tendue, Helène Angel ne masque pas ses effets, et choisis d’abord de jouer sur les bruits, les craquements de parquet ou de portes, puis sur la présence, puis la silhouette.. L’etau se ressert sur le mystère de cette ambiance singulière, sur les petits éléments qui nous échappent encore.. Et puis vient la chute, étrange, le film bascule alors dans un drame social assez maladroit. On est alors un peu deçu, de voir tout le travail de la réalisatrice pour créer une atmosphère si singulière s’estomper au fil des images, jusqu’à un final qui glace le sang, qui nous laisse bouche béante... Il faut saluer la performance des acteurs : Valerie Bonneton, à des années lumières de ses rôles habituels, très convaincante et arrive même à nous faire sourire avec ses après-ski de fourrure, Charles Berling un peu en retrait tient lui aussi bien son rôle. Difficile à complétement apprécier car réellement déroutant, il faut néanmoins avouer l’audace de la réalisatrice qui arrive à aborder le deuil d’une façon inédite, à travers le portrait d’une femme perdue qui s’accroche au souvenir de son frère comme on a rarement vu au cinema. BO intéressante, mais peut-être un peu trop d’effets sur la première partie (trop centrée sur l’étrange présence), et un rebondissement assez décevant qui entâchent l’ensemble. L’essai est louable et mérite que l’on s’y intéresse mais il ne faut pas s’attendre à un film d’horreur ou à un suspense redoutable ce que semble attendre certaines personnes, mais à un film français atypique et déroutant.