Rencontre avec le dragon

Absolument atypique dans le paysage cinématographique français, Rencontre avec le dragon est contre toute attente une comédie ! Si, si...

Attiré par la légende vivante qu’est Guillaume de Montauban, Félix, quinze ans, s’attache aux pas de son héros et découvre que mythe et réalité font à la fois bon et mauvais ménage. Surtout mauvais, d’ailleurs, puisque la réalisatrice décide avec beaucoup d’humour de se jouer de la figure mythique du chevalier. Dans un Moyen Age stylisé et très épuré se rencontrent ainsi tout ce qui fait l’épopée, avec son lot de croyances extravagantes, de paysages rudes, de chevaliers en armure et de fantômes...

S’amusant comme des enfants, scénaristes (Hélène Angel, Jean-Claude Janer et Agnès de Sacy), chef décorateur (Thierry François), créatrice de costume (Catherine Rigault) et acteurs (tous très bons) semblent avoir fait feu de tout bois, piochant çà et là dans les souvenirs pour créer l’univers du jeu. La réalisatrice n’a pas eu peur de mêler esthétique japonisante, percussions africaines, contes façon Bettelheim ou freudisme... Du coup, c’est drôle, loufoque, jusqu’au comique de situation, toujours à propos. Une volonté manifeste de "jouer", qui hélas ne va pas jusqu’au bout de ses ambitions. Toute cette fantaisie tourne court, sabrée par un sérieux sans distance, une musique pesante et une voix off généreuse en poncifs.

La difficulté de l’exercice réside moins dans la question du genre que dans celle de la tonalité. Côté genre, Hélène Angel a intégré le western, le roman picaresque, le film d’aventure, fantastique, etc., et l’ensemble donne lieu à quelque chose d’assez pertinent, même s’il l’on n’atteint pas ici la cohérence d’un Jarmusch ou Fellini. Ce qui a peut-être fait défaut à la réalisatrice, c’est cette désinvolture qui permet de maintenir la tension dramatique avec légèreté. Ici, la comédie est comme étouffée. Peut-être par snobisme. Sans doute par prétention intellectuelle...