Le 17 janvier 2021
Une jeune femme qui.vit avec son père n’a pas vraiment envie de se marier, malgré les pressions de son entourage. Yazujirõ Ozu trouve, avec ce long métrage, une forme de cinéma encore plus élaborée qui marquera tous ses films à venir.


- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Acteurs : Chishū Ryū, Setsuko Hara, Kuniko Miyake, Haruko Sugimura, Masao Mishima, Yoshiko Tsubouchi, Toyo Takahashi, Yumeji Tsukioka, Hohi Aoki
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h48mn
- Reprise: 31 juillet 2019
- Titre original : Banshun
- Date de sortie : 19 janvier 1994

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– Année de production : 1949
Résumé : Noriko (Setsuko Hara), jeune femme souriante, est très heureuse de sa vie auprès de son père Shukichi (Chishū Ryū), professeur dont elle s’occupe. Son entourage, et particulièrement sa tante Masa (Haruko Sugimura), va tout faire pour la marier.
Critique : C’est avec ce long métrage, élu meilleur film de l’année par la critique japonaise, qu’Ozu va densifier son style jusqu’à son meilleur, et s’offrir une réputation internationale qui ne cessera de croître.
A partir de Printemps tardif, le cinéaste va s’attacher à décrire la cellule familiale du Japon d’après-guerre, pris entre traditions et modernité. De plus, sa mise en scène, toujours reconnaissable, va s’épanouir dans la durée, avec de longs plans-séquences, souvent amenés par un même plan d’ouverture, qui situe le lieu de l’action.
Dans ce contexte doux et feutré, le réalisateur va nous décrire le drame sourd que vit Noriko, qui ne refuse pas le mariage, mais n’est pas pressée. D’ailleurs, les situations vécues dans son entourage tendraient à lui donner raison : sa meilleure amie est déjà divorcée et s’apprête à se remarier ; un ami de son père, veuf lui aussi, vient d’épouser une femme de son âge, ce qu’elle trouve dégoûtant ! L’acte est trop sérieux pour être traité avec tant de légèreté. De plus, le seul homme qui ne lui déplairait pas, assistant de son père, s’apprête lui aussi à convoler.
Le film est émaillé de superbes plans muets extrêmement évocateurs : les deux bicyclettes devant la plage, la gare avant l’arrivée du train, la fille qui tient son père par le bras, les deux étant vus de dos le long d’une rue déserte. On évoquera enfin l’une des dernières séquences, d’une mélancolie infinie, où Noriko se regarde dans son miroir.
Ozu, sans sortir du Japon, distille une petite musique à la fois triste et gaie, inimitable, qui en fait l’un des cinéastes majeurs du XXe siècle.