Le 24 juillet 2021
L’employé du siège d’une grande société de Tokyo s’échappe de sa vie monotone en participant à des sorties entre collègues. Une vision sociale sombre du Japon d’après-guerre, qui ne dénote pourtant pas dans l’univers doux-amer et inimitable de Yasujirō Ozu.
- Réalisateur : Yasujirō Ozu
- Acteurs : Chishū Ryū, Chikage Awashima, Keiko Kishi, Daisuke Katō, Ryō Ikebe
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Carlotta Films
- Durée : 2h25mn
- Date télé : 25 mai 2024 23:30
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 31 juillet 2019
- Titre original : Shōshun
- Date de sortie : 1er août 2018
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– Année de production : 1956
Résumé : Tokyo, Shoji (Ryo Ikebe), employé au siège d’une grande entreprise, s’est éloigné de son épouse Masako (Chikage Awashima) depuis la mort prématurée de leur unique enfant. Sortant beaucoup avec ses collègues, il va finir par nouer une relation avec l’une d’elles, Chiyo (Keiko Kishi).
Critique : On se trouve dès les premières images dans l’univers familier du cinéaste : longs plans sur des intérieurs sans personnage, du linge qui sèche, des fumées d’usine qui crachent d’épaisses fumées. Ensuite, on se déplace vers le centre-ville, avec des immeubles aux arêtes saillantes, qui les rendent inquiétants. Les salariés s’entassent dans les trains de banlieue, ne trouvent à se divertir qu’en imaginant une sortie entre collègues le week-end. Ce sont, semble-t-il, les seuls moments de liberté pour Shoji, qui n’est jamais très pressé de rentrer. Chez lui, sa femme, si elle est aux petits soins pour son confort, reste pour le moins distante. Alors, il va commencer à jouer et ramener à la maison des amis plutôt éméchés.
Le cinéaste décrit en creux une société japonaise, certes en expansion, mais qui ne fait pas le bonheur des salariés : Shoji a un travail répétitif et ennuyeux, il gagne peu, n’a rien à espérer d’une promotion. Et il est voué à une retraite médiocre, ce que lui confie un collègue aigri, remercié de l’entreprise après plus de trente ans de service.
Même si leurs rapports se sont détériorés, ni lui, ni son épouse n’imagineraient demander le divorce. Ce ne serait accepté ni d’une famille, ni de l’autre.
L’adultère ne permet pas non plus une quelconque libération dans une communauté traditionnelle où les "fautifs" sont montrés du doigt, souvent pour des raisons bien hypocrites.
Seule Chiyo, dite "Poisson rouge", à cause de ses grands yeux, qui n’a pas la langue dans sa poche, osera dire quelques vérités à son amant, ainsi qu’à ses collègues, mais ne fera que les choquer. On peut dire qu’elle n’a pas particulièrement le beau rôle.
Yasujirō Ozu poursuivait là son œuvre qui distille une petite musique toujours reconnaissable, mais dont chaque réalisation amène sa propre variation. Celle-ci est particulièrement triste et amère, et donne l’image d’une société japonaise d’après-guerre bien étriquée et monotone.
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