Le 25 septembre 2018
On aime quand Tamasa nous dégotte des petites merveilles oubliées, tel ce film limpide et complexe qui brasse de multiples sujets à travers un thriller brillant.
- Réalisateur : Basil Dearden
- Acteurs : Renée Asherson, Susan Shaw, Bonar Colleano, Moira Lister, Earl Cameron
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h22mn
- Date de sortie : 15 août 1951
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– Sortie DVD : le 2 octobre 2018
Résumé : Le Dunbar, un navire de commerce britannique, rentre à quai à Londres. Dan (Bonar Colleano), jeune marin, fait un peu de trafic pour arrondir ses fins de mois, important notamment des bas nylons en contrebande. Pour ne pas éveiller les soupçons, il demande parfois à son ami jamaïcain Johnny (Earl Cameron) de lui donner un coup de main. Mais alors que Johnny refuse de s’impliquer davantage, Dan accepte une proposition pour un gros coup.
- Copyright StudioCanal - Tamasa Films
Notre avis : Après le succès de The blue lamp, Basil Dearden a pu tourner pour les fameux studios Ealing ce film méconnu qui pourrait être vu comme le pendant noir de Un jour à New-York, avec leurs marins qui accostent pour une escale rapide dans une grande ville. Mais là où Donen mêlait ses vedettes à une foule dans une explosion de couleurs et de vie, Dearden présente un Londres désert, entre le monumental et les ruines dues à la guerre, entre les grands bâtiments et les bas-fonds. Véritable documentaire sur la capitale, le film débute par l’arrivée du Dunbar et présente rapidement (et efficacement) les personnages et la situation : les deux héros, Dan le Blanc et Johnny le Noir, la présence de la douane, les habitudes de fraudes sans conséquences, les relations avec les femmes à terre. Les autres marins (le dragueur, le fraudeur maladroit) donnent du relief à ce qui va devenir l’intrigue principale en même temps qu’ils annoncent les thèmes majeurs. Car dans ce quotidien souriant et bon enfant, il suffit qu’un changement survienne (Dan veut frauder à plus grande échelle, Johnny rencontre une Blanche) pour que la mécanique se grippe et que le ton change : comédie sentimentale, film noir, dénonciation du racisme, drame : c’est à un mélange très cohérent que Dearden prête sa rigueur. Sans se départir d’influences hollywoodiennes visibles, il orchestre une suite de parcours londoniens en privilégiant le montage alterné qui entretient un suspense croissant et donne à quelques séquences un rythme haletant. Jamais pour autant il n’oublie d’inscrire son œuvre dans une géographie précise ni, malgré sa brièveté, de relever des détails. Pareillement le scénario redoutable d’efficacité joue avec les conséquences (le film est aussi une réflexion sur la responsabilité, ce dont la fin témoigne magistralement), les coïncidences (la sœur qui écoute aux portes ou crie devant un policier qu’elle n’avait pas vu), les échos (Johnny dans les rues obscures tapant à deux reprises sur un objet, mais dans deux états d’âme différents) en un mouvement qui imite les séries B dans sa rapidité.
- Copyright StudioCanal - Tamasa Films
Dearden emprunte, c’est certain, des codes et des topoï, et modifie son style en harmonie : la froideur documentaire voisine avec un quasi-expressionnisme, sans que l’ensemble en souffre. De même a-t-il dans les premières séquences imposé à ses acteurs un débit rapide, propre à la comédie américaine, alors que la suite valorisera le mutisme de scènes d’action ou l’indolence des rapports sentimentaux. Si l’on ajoute à cela des séquences marquantes (la poursuite dans le tunnel ou le renoncement de Johnny devant son amie entourée de Blancs, par exemple), on comprendra que Pool of London n’est pas de ces œuvrettes déterrées pour alourdir un catalogue, mais bien un film puissant, maîtrisé, une belle découverte.
- Collection Made in UK (Tamasa Distribution)
Les suppléments :
Si la comparaison entre le Londres de l’époque et l’actuel (17mn) et l’entretien avec l’acteur Earl Cameron (9mn) sont agréables. Si la galerie photos et la filmographie sélective de Basil Dearden sont dispensables, le livret écrit par Charlotte Garson, avec sa plume alerte et ses connaissances encyclopédiques, lui, s’impose comme le bonus majeur et passionnant.
L’image :
La copie n’est pas parfaite : petits parasites, légers tremblements, contrastes et définition insuffisants. Néanmoins, vu l’âge du film, sa rareté, on peut se satisfaire d’une image sans problème rédhibitoire.
Le son :
Si les dialogues sont constamment compréhensibles, la seule piste disponible demeure légèrement étouffée et confuse. Rien cependant qui altère le confort auditif.
- Copyright StudioCanal - Tamasa Films
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