Le 25 septembre 2018
Gros succès britannique, ce film vaut mieux que son intention propagandiste et se révèle aussi précis qu’agréable.
- Réalisateur : Basil Dearden
- Acteurs : Dirk Bogarde, Robert Flemyng, Bernard Lee, Jack Warner, Jimmy Hanley
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Noir et blanc
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h24mn
- Date de sortie : 20 octobre 1950
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– Sortie DVD : le 2 octobre 2018
Résumé : En 1949, à Londres, le vétéran George Dixon apprend le métier de policier au jeune Andy Mitchell. Appelé sur le lieu d’un braquage, Dixon est confronté à Tom Riley, un malfaiteur qui lui tire dessus avant de s’enfuir. Une vaste chasse à l’homme s’engage alors.
Notre avis : Il y a trois films dans The blue lamp, tous trois passionnants et menés de main de maître. D’abord une enquête policière centrée autour d’une petite frappe, Tony, qui, enhardi par un vol réussi, en commet un autre et tue un « bobby » en fin de carrière. Pendant la plus grande partie du métrage, cette enquête n’a rien de spectaculaire : Dearden montre au contraire un travail patient, qui repose sur l’entêtement autant que sur les hasards et coïncidences. Le goût du détail qui innerve tout le film le densifie et le structure brillamment : un poudrier, une arme, un imperméable, une petite fille revêche ou une phrase de trop forment les pièces d’un puzzle lentement assemblées par une équipe déterminée. Si Dearden s’attache à ces éléments, il sait ménager une part de tension, résolue dans une belle poursuite finale menée tambour battant : poursuite en voiture, plutôt conventionnelle, à laquelle succède une séquence particulièrement étouffante lors d’une course de lévriers. Involontairement ou pas, cette situation évoque M de Lang, avec l’association des bandits chevronnés et des policiers pour traquer Tony. Mise en scène dans une grande limpidité, cette dernière partie joue d’un montage habile et de cadres soignés, la caméra parcourant le champ de course, allant d’un personnage à l’autre sans jamais perdre le spectateur. Un régal, d’autant que Tony est interprété par un Dirk Bogarde magnétique en jeune fou dangereux et fragile.
Le deuxième film est un documentaire sur le Londres de 1949 : les petits métiers, les terrains vagues, les stigmates de la guerre, tout cela forme un décor des plus authentiques et des plus précis. Cette qualité, que l’on retrouvera dans Pool of London l’année suivante, pousse le cinéaste à privilégier aussi bien des lieux utiles à l’action que des ruines ou des appartements sordides. Se dessine une ville des bas-fonds où les music-halls sans panache voisinent avec des terrains vagues dans lesquels des enfants jouent entre les flaques. Sans s’attarder, Dearden dresse une géographie qui vaut aujourd’hui document.
- Copyright StudioCanal - Tamasa Films
Enfin le troisième film est une œuvre de propagande au service de la police. Celle du quotidien d’abord, celle qui renseigne les passants, s’occupe des chiens perdus, fait traverser les vieilles dames et donne des bonbons aux enfants. Incarnée par le placide Dixon (tellement populaire qu’il fera ensuite l’objet d’une série), elle joue le rôle de lien avec la population (la police de proximité, quoi) dont elle connaît les noms et les manies. Là encore, les fines notations abondent qui montrent des gens dévoués, courageux, mais aussi largement solidaires : on les voit répéter un chant ou jouer aux fléchettes, s’envoyer d’anodines plaisanteries dans une saine camaraderie fondée sur le thé (on est très loin des rivalités et de l’alcoolisme hollywoodien). Cela ne va pas sans naïveté, mais le regard bienveillant que le film porte sur ces personnes dévouées touche quand le drame survient : l’angoisse des policiers devant l’agression potentiellement mortelle de Dixon, l’attitude face à sa veuve ou la simple affiche du concert annulé montrent sans appuyer une sensibilité exempte de mièvrerie.
Le plus intéressant bien sûr, c’est que ces trois films se combinent harmonieusement, formant un ensemble qui peut nous sembler daté (la voix off, la générosité générale), mais qui reste vigoureux et habile. De plus la brièveté du métrage repose sur une concision d’ensemble qui ajoute à son charme légèrement désuet ; et s’il peut nous sembler bien sage, on n’oubliera pas une séquence troublante dans laquelle l’excitation du vol est clairement liée au désir sexuel ce qui, en 1950, témoigne d’une audace singulière.
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Les suppléments :
Comme d’habitude, le regard aiguisé et savant de Charlotte Garson fait du livret une source de connaissances et de réflexions immanquable. Le DVD lui-même propose une galerie photos (1mn30) et trois filmographies sélectives dispensables, mais aussi une plaisante balade dans Londres où Richard Dacre revient sur les lieux principaux du film et montre l’évolution de la ville.
L’image :
La restauration 2K a éliminé les problèmes tout en ne lissant pas trop l’image : le confort visuel est assuré sans que la copie n’y perde son âme. Pas de parasites, un noir et blanc aux nuances et au contraste respectés, mais un léger grain qui témoigne de son époque.
Le son :
Même si on est loin des canons actuels, la seule piste disponible souffrant parfois de limites évidentes, les dialogues sont clairs et débarrassés de toute scorie. Pas de VF.
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Galerie Photos
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