The Goose Steps Out (le pas de l’oie) - la critique du film + le test DVD

Notre avis : Comme To be or not to be ou Le dictateur, The goose steps out est une histoire de sosie dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, mais, outre que le scénario ne s’attaque pas à Hitler (c’est seulement à un espion allemand que Potts, à qui le héros, ressemble), on n’atteint pas avec ce film plaisant les sommets de œuvres précitées. Il faut dire que, autant que Basil Dearden, c’est Will Hay qui met en scène, ou plutôt se met en scène, dans une série de pitreries plus ou moins efficaces et dans lesquelles le moins qu’on puisse dire est qu’il cabotine : grimaces, flot verbal, bredouillements et jeux de mots pour lesquels il vaut mieux être anglophone, s’enchaînent sans temps morts mais avec une finesse inégale.
Pour apprécier ce film, il faut être sensible au slapstick, à ses chutes accélérées et ses excès. À ce prix, on s’amusera des clowneries d’un comique alors très populaire : ces cours d’anglais aux jeunes Allemands, parmi lesquels on reconnaît le débutant Peter Ustinov, sont particulièrement savoureux, avec leur mise en avant des prononciations arbitraires des mots britanniques. De même la satire de la paranoïa et du fanatisme nazis ne manquent-ils pas de sel et le fait qu’il ait été tourné en 1942 le rend plus précieux encore. L’ audace dans la moquerie va assez loin, jusqu’au portrait d’Hitler choqué, mais ce qu’on retient surtout, c’est la charge mordante contre l’imbécillité généralisée, l’aveuglement stupide de dignitaires constamment manipulés. Cela pourrait suffire à notre bonheur, d’autant que quelques séquences sont un régal : le comique de Hay prend toute sa force dans les lieux clos (la cabine de train en particulier, que ce soit pour un délire de jeux de mots avec le général nazi ou un assommage massif) ; il y atteint par moments une grandeur burlesque évidente. D’autres passages sont en revanche bien lourds, comme la scène inutilement étirée de l’avion.
The goose steps out, s’il témoigne d’une certaine vitalité du comique anglais, n’est pas toujours drôle et nombre de ses ressorts traduisent tout de même une usure patente du genre. Il faut dire que le film devait être un court-métrage, adapté d’un sketch, et cela se sent. Reste que découvrir cette œuvre méconnue, avec ses faiblesses (réelles) et ses réussites, permet d’entrevoir un pan ignoré du cinéma anglais, et cela ne peut qu’intéresser les amateurs de raretés.

Les suppléments :
Un court-métrage avec Will Hay, Go to blazes (8mn), donne une idée du comique qu’il pratiquait et qui a plutôt vieilli. L’entretien avec Graham Rinaldi, en revanche, est un parcours intéressant de l’acteur qui nous découvrir un monde inconnu de ce côté de la Manche, et ses anecdotes sur le film sont révélatrices (16mn). Le DVD propose également une galerie photos ; mais le bonus majeur, comme toujours dans la collection, est le livret rédigé par Charlotte Garson, avec ses informations et ses analyses précieuses. On comprendra notamment le sens du « V » que Potts conseille aux étudiants de faire devant le portrait d’Hitler.

L’image :
Hormis pour quelques plans aériens, la copie a bénéficié d’une restauration efficace qui respecte un noir et blanc soyeux et nuancé. Presque pas de parasites, une définition satisfaisante et même parfois étonnante, que du bonheur.

Le son :
Les passages musicaux sont parfois aigres, mais les dialogues, si importants, ont retrouvé leur fraîcheur dans l’unique piste débarrassée de toute scorie. Pas de VF.