Excès de zèle
Le 6 août 2010
Le dernier film de Mario Soldati est une brillante comédie courtelinesque, ainsi qu’une évocation amusée et poétique de Rome à la fin du dix-neuvième siècle.
- Réalisateur : Mario Soldati
- Acteurs : Romolo Valli, Renato Salvatori, Peppino De Filippo, Carla Gravina , Renato Rascel
- Genre : Comédie
- Nationalité : Italien
- Plus d'informations : http://www.youtube.com/watch?v=3iSD...
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– Durée : 1h 44mn
– Titre original : Policarpo, ufficiale di scrittura
Le dernier film de Mario Soldati est une brillante comédie de ronds de cuir à la Courteline, ainsi qu’une évocation amusée et poétique de Rome à la fin du dix-neuvième siècle.
L’argument : Policarpo de’Tappetti, calligraphe ministériel, est accusé de lenteur par ses collègues. Pour se faire bien voir par son nouveau chef de bureau, le cavaliere Pancarano di Rondò, et dans l’espoir d’un changement d’échelon, il propose de venir travailler une heure plus tôt. Echec complet : c’est lui qui arrive en retard.
Lors d’une promenade dominicale au Pincio, Gégé, le fils de Pancarano, fait la cour à Celeste, la fille de Tappetti, à la grande joie de ce dernier qui croit voir ses rêves d’ascension sociale se réaliser. Mais Celeste s’éprend d’un mécanicien, Mario, et s’enfuit de l’appartement familial.
Au ministère vont être introduites les machines à écrire. Le chef de division Marzi Laurenzi passe un accord secret, moyennant pot de vin, avec le fabriquant suisse employant Mario et apperçoit Policarpo qui épie sa fille à l’usine où elle prend des cours de dactylographie, ce qui l’amène à céder à un chantage involontaire de son subordonné.
Refusant d’abord de taper à la machine,le calligraphe finira par s’y résoudre et fera une démonstration de son habileté en présence du ministre, obtenant enfin l’augmentation tant espérée.
Notre avis : En l’espace d’une vingtaine d’années, Mario Soldati a réalisé une trentaine de films de tous genres, adaptations littéraires de prestige, cape et épée, comédies, et a acquis une solide réputation professionnelle. C’est à lui que l’on doit les superbe scènes de batailles de Guerre et paix de King Vidor, même si pour des raisons contractuelles son nom n’apparait pas au générique des versions internationales. Son intense activité dans le domaine du cinéma ne l’avait pas éloigné pour autant de la littérature et la publication de Le lettere di Capri lui avait apporté une large notoriété.
En 1958, à 52 ans, il décide de faire ses adieux au monde du cinéma pour se consacrer à l’écriture de ses romans et à celle d’enquêtes télévisées qui feront de lui (et de ses légendaires cigares toscans) une figure familière du petit écran.
Dans sa dernière réalisation, Soldati revient à l’univers des ronds de cuir à la Courteline qui lui avait déjà valu une de ses plus belles réussites en 1945, le savoureux Le miserie del signor Travet. Pour recréer amoureusement l’atmosphère de Rome, nouvelle capitale du royaume d’Italie à l’époque d’Umberto I., il s’entoure de collaborateurs exceptionnels : Giuseppe Rotunno à la photo (admirable travail sur la couleur), Piero Tosi aux costumes, Mogherini et Brosio aux décors, Lavagnino pour la musique. Des visages connus font des apparitions brèves et amicales (non créditées) pour de charmantes vignettes qui sont autant de digressions amusantes ou d’envolées poétiques. On reconnaitra Sordi, Tognazzi, De Sica en illusionniste auquel Policarpo fait rater son numéro, Nazzari en carabinier rattrapant un cheval affolé qui traverse le Pincio au milieu des promeneurs lors d’un surprenant final en forme de pirouette.
L’intrigue principale est confiée à une troupe d’acteurs parfaitement accordés : le chef de section aspirant à un titre de noblesse (« di Rondò » ne manque t-il pas d’ajouter à chaque fois qu’on s’adresse à lui par son nom) joué par un Peppino de Filippo en grande forme formant un duo cocasse avec le calligraphe méticuleux, touchant et ridicule, que Rascel interprète avec un véritable génie comique, renouvelant son exploit du Manteau de Lattuada (1952).
Il faut signaler aussi la brillante composition de Romollo Valli, grand acteur de théâtre, qui fait ici ses débuts au cinéma dans le rôle du chef de division véreux.
Mais tous sont parfaits de verve et de timing et c’est tout un petit monde, coloré et vif, que Soldati dessine d’un trait à la fois ferme et gracieux dans Policarpo, ufficiale di scrittura, gros succès au box office italien de 1959 et superbe tour de piste final d’une carrière cinématographique riche en réussites précieuses (Piccolo mondo antico, La provinciale...).
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