Vue du lac
Le 10 janvier 2012
Ce sommet du calligraphisme baigne dans une envoûtante atmosphère lacustre et restitue bien l’atmosphère morbide et exaltée du roman de Fogazzaro. Isa Miranda y trouve un de ses rôles les plus mémorables.
- Réalisateur : Mario Soldati
- Acteurs : Isa Miranda, Andrea Checchi, Irasema Dilián, Gualtiero Tumiati, Ada Dondini, Enzo Biliotti, Nino Crisman, Luigi Pavese
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Durée : 2h15mn
- Date de sortie : 11 février 1948
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Sortie en Italie : 17 décembre 1942
Ce sommet du calligraphisme baigne dans une envoûtante atmosphère lacustre et restitue bien l’atmosphère morbide et exaltée du roman de Fogazzaro. Isa Miranda y trouve un de ses rôles les plus mémorables.
L’argument : Dans une villa située au bord du Lac de Come la jeune marquise Marina di Malombra, orpheline et désargentée, est obligée de cohabiter contre son gré avec son oncle, le comte Cesare d’Ormengo. Elle découvre dans sa chambre un manuscrit signé Cecilia, une ancêtre morte suicidée quelques décennies plus tôt et dont elle va bientôt se croire la réincarnation.
- Malombra - Soldati (1942)
Notre avis : L’admirable première adaptation cinématographique de Malombra, réalisée en 1917 par Carmine Gallone, n’était sans doute plus qu’un vague souvenir lorsque Mario Soldati tourna pour la Lux et le tout jeune producteur Dino de Laurentiis cette nouvelle version du premier roman d’Antonio Fogazzaro publié en 1881.
Le cinéaste comptait bien poursuivre avec ce film l’heureuse collaboration avec Alida Valli, entamée deux ans plus tôt avec le superbe Piccolo mondo antico - Le mariage de minuit (1940 également d’après Fogazzaro).
Nul doute que l’actrice, que le cinéaste retrouvera en 1946 pour une fort belle version de l’Eugénie Grandet de Balzac (1946), eut été l’interprète idéale de cette Marina di Malombra que l’auteur du roman a décrit comme un mélange féminin voluptueux de bonté, de bizarrerie, de talent et d’orgueil (quel voluttuoso misto femmineo di bontà, bizzarria, di talento ed orgoglio).
Mais la Valli était indisponible et ce fut Isa Miranda, un peu âgée pour le rôle (37 ans en 1942), qu’on imposa au cinéaste et qui, après la diva Lyda Borelli (dans le film de 1917), trouvait dans ce rôle de jeune femme exaltée sombrant dans la folie l’occasion de démontrer l’étendue de son talent et le magnétisme de son indiscutable aura de star.
Son port altier, sa beauté sculpturale, la légère distance auto-ironique de son jeu lui permettent de composer une figure fascinante que le film ne cherche jamais à rendre sympathique mais qui émeut pourtant dans son aveuglement hautain et maléfique.
Mais l’interprétation d’Isa Miranda, une des meilleures de sa longue et riche carrière, est loin d’être le seul atout de Malombra.
- Gualtiero Tumiati - Isa Miranda : Malombra (1942)
Certes la perfection formelle (Hollywood peut se rhabiller !) de ce pur produit du calligraphisme laisse par moments une impression de froideur. Les dialogues sont parfois inutilement longs et explicatifs et les (nombreux) rôles secondaires sont l’occasion de quelques numéros de cabotinage plus ou moins bienvenus. L’épisode avec Nando Tamberlani (Don Innocenzo) en émule de Scherlock Holmes détone même carrément mais l’inénarrable Ada Dondini en cupide cousine Fosca, avec son accent vénitien appuyé, apporte une touche de grotesque qui se marie très bien, par contraste, avec le romantisme morbide de l’ensemble.
Car Malombra distille un charme vénéneux et puissant, dû largement à la subtilité de la mise en scène de Soldati, à l’exceptionnelle authenticité documentaire (l’usage abondant du dialecte) et à l’atmosphère mystérieuse du Lac de Côme que la photo du grand chef opérateur Aldo Forzano réussit à capter admirablement. Les nombreuses scènes filmées en extérieur (par exemple celle, très étrange, dans la grotte) sont empreintes d’une envoûtante poésie lacustre qui transcende le côté légèrement fabriqué d’un ensemble d’une tenue exceptionnelle.
- Malombra - Soldati 1942
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