Plouc

Car c’est comme cela que se présente Plouc : comme un fascinant cours de découverte du monde, donné par un sage hurluberlu qui préfère le rythme d’une 2CV pastorale à celui d’un bolide, qui vous fournit des outils faits main plutôt qu’un kit prêt à l’emploi. A l’issue du disque, on a qu’une envie : saisir sa guitare, retrouver sa flûte, ou taper sur des casseroles. Comment en est-on arrivé là ? C’est que Dick Annegarn n’a pas son pareil pour rendre merveilleuses les choses simples.

Dès Accordons, le ton est donné, pour peu que l’on veuille bien "accorder nos violons" et suivre le Batave, Toulousain d’adoption, sur sa départementale, endimanché comme jamais. Soutenu par une fanfare au moins municipale, le Plouc auto-proclamé nous fait revivre des comptines éternelles dont il redessine les contours (3 petits cochons, Beau bateau), nous redonne le goût des plaisirs évidents (L’eau est là, Pauvre pêcheur), nous présente des personnages de comptes de faits (J2M, dont "les cafards et les têtards ont mangé tous les dollars"), et nous aide même à rédiger un poème parfait pour la prochaine fête des mères (Maman, maman) ! Alors après tout ça, moi j’ dis que Gérard Klein n’a qu’à bien se tenir, car comme instit’, y a que Dick !

Jamais avare d’un bon mot ou d’une contrepèterie, toujours prêt à rire de lui-même, Dick Annegarn est devenu, bien malgré lui sans doute, un personnage indispensable au paysage musical francophone : un poète pouet-pouet, comme il dirait peut-être, à la carrière pantagruélique et à l’envie contagieuse. Allez, trêve de louanges, m’en vais retrouver ma flûte, moi. Et c’est pas du pipeau !