Après Des poupées et des anges, paru l’année dernière, Nora Hamdi continue de peaufiner son petit univers, celui dans lequel une jeune femme, fille d’immigrés prise en tenaille entre deux cultures, doit jouer des coudes pour gagner sa place et revendiquer son indépendance. Cette lutte commence d’abord par l’acte de rupture, savoir claquer la porte en pleine figure d’un père autoritaire et violent, avant de passer à l’apprentissage de la galère, celle des petits boulots et du logement.

Voilà à quoi ressemble le quotidien de Séloula, qui a coupé les ponts avec les siens à l’âge où l’on apprécie de baigner dans le confort de la maison familiale. Son seul regret est de ne plus avoir de contact avec Hédi, son frère. Elle cumule des jobs mal payés et sordides, partage son appartement avec une nana qui lui laisse régler les factures, rêve sans l’avouer de crever l’écran et d’obtenir le rôle qui fera décoller sa carrière. Lui, il mène une carrière de musicien en duo avec sa copine, et finit se fait remarquer par une maison de disques.

Leurs deux itinéraires sont mis en parallèle. Car finalement, sans jamais s’être revus, leurs destinées ne sont pas si dissemblables. L’un et l’autre possèdent leurs traumatismes, des blessures qui saignent et saigneront encore. Quand l’une ne parvient plus à s’attacher, l’autre trouve dans son couple l’énergie pour aller vers l’avant. Leurs douleurs d’enfants les empêchent de mener une vie totalement épanouie, surgissant comme autant d’éclairs au milieu d’un ciel bleu. D’une plume vive et brute, Nora Hamdi raconte avec une facilité déconcertante le Paris multicolore, la difficulté de l’intégration mais surtout la force de s’en tirer. On se laisse prendre par cette fable moderne et sociale, illuminée de couleurs bigarrées et de senteurs d’épices. Et c’est ainsi que Nora Hamdi nous capture sans mal dans les filets de sa mélodie...