Triste Chine
Le 21 janvier 2003
Regard sur une Chine en pleine mutation. La Chine se réveille dans le malaise... Dans un monde déstructuré oscillant entre communisme mutant et capitalisme balbutiant, la jeunesse chinoise ne sait plus comment sortir de son désœuvrement.
- Réalisateur : Jia Zhangke
- Acteurs : Zhao Tao, Zao Wei Wei, Hong Wei Wang, Wu Qiong
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Japonais, Chinois, Sud-coréen
- Distributeur : Ad Vitam
- Editeur vidéo : Gaumont/Columbia/Tristar Home Video
- Durée : 1h53mn
- Titre original : Ren xiao yao
- Date de sortie : 22 janvier 2023
- Festival : Festival de Cannes 2002
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Résumé : Deux amis, Bin-Bin et Xiao Ji, sans travail et trop naïfs pour être débrouillards, attendent un événement qui les tirera de leur torpeur. Les deux jeunes protagonistes décident donc de revendiquer leur liberté en braquant une banque.
Critique : C’est le récit ténu, ponctué de deux histoires d’amour très symboliques, que nous offre Jia Zhangke, jeune cinéaste chinois de trente-deux ans, dans un film plus proche du documentaire que du mélodrame, sélection officielle du Festival de Cannes 2002.
Distance de la caméra, qui se contente de suivre le parcours des deux amis, distance des personnages englués dans cette vie qui n’en finit pas de s’étirer sur une pellicule teintée de gris. Peu de couleurs sous le ciel de Chine, beaucoup de ruines et d’autoroutes inachevées, peu de cris. La violence n’est pas de mise dans cet univers.
Les deux jeunes adultes sortent du monde de l’adolescence après un parcours initiatique simple et dépouillé. C’est certainement ce qui fait le charme de ce film qui stagne un peu, mais avait besoin de cette pesanteur pour témoigner de la lente mue du dragon chinois. La publicité et la télévision, dans cette province éloignée de la capitale, restent les seuls regards sur un monde extérieur opaque et qui se résume, pour les deux amis, à des films américains sans subtilité où il fait bon être gangster. L’émotion ne parvient pas à naître sur les ruines d’un communisme qui se rappelle parfois dans la terminologie ou les structures d’accueil comme le foyer ou l’hôpital.
La jeunesse chinoise a froid. Familles réduites à un seul parent vivant dans le dénuement - la mère pour Bin Bin, l’oncle pour Xiao Ji - et de fait, la solidarité n’est pas au rendez-vous. Cœurs glacés des truands rencontrés par hasard, morts brutales sans états d’âme... La vie ne s’écoule pas en Chine, elle stagne comme nos deux personnages en mal d’amour. Xiao Ji est épris d’une jeune femme qui vend des produits en dansant sur des airs populaires. Bin Bin aime comme on aime à dix-neuf ans, tendrement mais maladroitement, une jeune femme qui sait ce qu’elle veut. Ces deux amours impossibles rendent l’atmosphère plus insupportable encore. Les deux figures féminines sont d’ailleurs probablement les seules à vivre intensément.
Une fois le rêve américain enfui, il ne reste rien d’autre à faire pour s’arracher au malheur, que de provoquer l’émotion en allant très naïvement dévaliser une banque de quartier. Naïvement, car finalement les deux héros savent parfaitement l’absurdité de leur geste. Les truands d’occasion prennent une revanche : celle de la vie, sans rien assumer d’autre que le dégoût d’eux-mêmes.
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