Le 20 mars 2017
Premier long métrage d’une disciple d’Elia Suleiman, un récit attachant sur une famille palestinienne confrontée aux affres du quotidien.
- Réalisateur : Maha Haj
- Acteurs : Maisa Abd Elhadi, Ziad Bakri, Hanan Hillo, Amer Hlehel, Doraid Liddawi
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Israélien, Palestinien
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h28mn
- Titre original : Omor Shakhsiya
- Date de sortie : 1er mars 2017
- Festival : Festival de Cannes 2016
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Résumé : À Nazareth, un vieux couple vit au rythme de la routine quotidienne. De l’autre côté de la frontière, à Ramallah, leur fils Tarek voudrait rester un éternel célibataire, leur fille est sur le point d’accoucher, son mari garagiste décroche un rôle au cinéma, alors que la grand-mère perd le nord… Entre-temps, en Suède, leur fils aîné Hisham attend leur visite. Chacun vaque à ses occupations, entre moments de plaisir et désaccords, rêves et désillusions. Certains souhaitent partir, d’autres rester, mais tous ont des histoires personnelles à régler…
Critique : Pour son premier long métrage vaguement autobiographique, et sélectionné à Un Certain Regard, la cinéaste palestinienne Maha Haj a adopté le ton décalé d’Elia Suleiman (Le Temps qu’il reste), dont elle fut la collaboratrice pour les décors, tout en se situant dans la veine d’Une semaine et un jour d’Asaph Polonsky, également présenté à Cannes 2016 mais à la Semaine de la Critique. Ce film partiellement choral n’est pas militant de manière explicite, et tranche avec un certain cinéma ayant abordé ouvertement le conflit israélo-palestinien. La réalisatrice préfère l’humour décalé dans cette description d’une famille de la classe moyenne, partagée entre tradition et modernité (des pâtisseries maison de maman à Skype), guère si éloignée de modèles occidentaux, et qui doit gérer un certain nombre de tracas quotidiens.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
Les parents voient leur amour s’étioler dans un absurde abyssal et une incommunicabilité irréversible, comme si des personnages de Ionesco croisaient les couples d’Antonioni ; le fils aîné installé en Suède est l’incarnation du mirage de l’expatriation, tandis que la sœur reproduit le comportement de la mère, en mode plus dynamique. L’insolite et le poétique se greffent avec bonheur au réalisme social, Maha Haj maniant avec habileté le mélange des genres. On songe ici à cette séquence incroyable où une productrice de cinéma américaine s’égare dans une route secondaire près de Ramallah, avant de proposer un rôle à un garagiste dont la seule motivation sera de découvrir la mer. Ou bien aux déambulations d’une vieille femme qui réussit l’exploit d’être amnésique tout en se remémorant des traumatismes d’enfance. Cloîtrée dans sa villa pour cause de sénilité, prisonnière d’un passé et incertaine sur son sort, elle symbolise à elle seule l’incarnation du peuple palestinien.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
Et quand deux amoureux se livrent à un tango endiablé, après arrestation musclée à un checkpoint, la cinéaste livre le manifeste de son style et de sa démarche, par ailleurs très marqués par un sens pictural. « L’espace reflète les personnages. Ils ont des personnalités très différentes, même s’ils appartiennent à la même famille. J’ai voulu traduire cela en images. Hicham, qui habite en Suède, est en adéquation avec son décor. La blancheur et le calme du pays contrastent avec le bruit qui règne à Nazareth ou à Ramallah. Tarek est névrosé, dynamique et ressemble à Ramallah. À Nazareth, les parents sont affectés eux aussi par leur mode de vie routinier. L’espace domestique agit là encore comme un miroir. Je voulais souligner toutes ces divergences, grâce aux cadrages et aux couleurs », a déclaré la réalisatrice. En dépit de quelques longueurs, son film exerce un charme indéniable.
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