Les vacances continuent
Le 1er juin 2017
Perez confirme, son deuxième album (pop) sera une bombe...



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Perez a donc révélé au public parisien, les titres de son second album pop lors de son retour sur scène, au Point Éphémère.
Désormais trentenaire, la belle gueule - frange improbable, sourire difficile à décrocher-, véritable réincarnation nineties de Daniel Darc et Bashung en mode dance-floor rétro, le bordelais a ainsi livré, dans un Paris caniculaire, où la chaleur était encore palpable à 21h30, un set énergique gratifié notamment d’une dizaine d’inédits.
De son répertoire électro pop connu, on citera Cramer, single issu du premier EP que l’on était heureux de retrouver après son éviction forcée de l’album (changement de maison de disques oblige). On compte également Le rôdeur qui décidément roule bien sur scène, son incarnation en chaise métaphysique, Une autre fois, le tube Les Vacances continuent, qui a exténué le public, le valeureux Blockbuster, et, en rappel, l’un des titres les plus appréciés, Les bars des musées.
Ce soir-là, point de Gamine ou La vie nouvelle, chansons phares de son jeune répertoire (l’album Saltos est paru en 2015), Perez en est déjà à devoir faire des choix dans sa discographie.
Aussi on ne s’étendra pas sur les anciens morceaux. Ce sont les nouveautés, annonciatrices de la rentrée qui ont surtout entretenu l’excitation. Exit les années 80, Perez fuit (un peu) les sons new-wave pour se précipiter goulûment dans les tendances dance de son adolescence, les beats dance-floor, parfois même carrément garage, en tout cas orgasmiques. L’artiste qui désormais affectionne parachever ses nouveaux titres sur une poussée vocale en forme de cri, poursuit sa quête de crescendos paroxysmiques.
Totalement dark, impétueux, cet enfant du dance-floor indie fournit le groove, assure l’excitation, avec des textes qui invitent toujours les termes les plus prosaïques dans une poésie du son, comme en son temps « blockbuster ». C’est ainsi qu’il évoque "les cultures intensives" de son Andalousie d’origine, où "la Foire du Trône", lors de trips magnétiques qui sont autant d’hymnes bobos pour fin de soirées parisiennes que l’on fantasme décadentes.
Avec l’impudeur poétique d’Une autre fois, il se laisse happer par l’excitation de l’autre. Le set déborde d’une sensualité prégnante : un morceau évoque une Nicky qui a tout d’une icône, un autre le réveil bien accompagné, un autre décrit le baiser fougueux et la fellation, traitée sans vulgarité, sous le regard écrasant d’une statue… So weird. So him.
Perez, l’enfant terrible, a su évoluer dans son univers de mélodies imparables en quête d’acmé. Aucun de cette dizaine de réjouissances, qui figureront (ou non) sur sa sélection d’automne, n’abîme les espoirs misés sur son talent.
Le reproche du show serait peut-être dans l’orchestration. Avec sa présence maline sur scène, forte de ses deux acolytes aux machines à ses côtés, Pierre et Baptiste, Perez avait de quoi mettre une salle acquise à sa cause, totalement à ses pieds. Il a manqué toutefois au set la capacité de réellement essorer morceaux. Perez refuse de développer ses tubes alors qu’ils appellent tous remixes, enchaînements et surtout une amplification des instrumentaux synthétiques qui ont le potentiel diabolique de l’hypnose.
A force de compiler les morceaux trop courts, le chanteur frôle un peu le catalogue. Mais qu’importe, in fine, dans son grand déballage de nouveautés, Perez a surtout confirmé ce dont on se doutait déjà : le brun ibérique n’est pas le tributaire malin des grands d’hier, il est surtout l’expression générationnelle d’une jeunesse française qui n’a que trop attendu qu’on lui cède le micro. Avec lui, elle pourrait avoir trouvé sa voix.