Du coeur en hiver
Le 4 février 2004
En neuf nouvelles qui sont autant de portraits de gens effacés et broyés, Olivier Adam écrit finalement une magnifique ode à la vie.
- Auteur : Olivier Adam
- Editeur : Editions du Seuil
- Date de sortie : 26 août 2005
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En neuf nouvelles qui sont autant de portraits de gens effacés et broyés, Olivier Adam écrit finalement une magnifique ode à la vie.
Si vous êtes de ceux que les longues soirées d’hiver dépriment, qui désespèrent du temps maussade ou qui, tout simplement, n’ont pas le moral, alors ne vous aventurez pas dans le recueil de nouvelles d’Olivier Adam. Quoique... Il se peut finalement que ces gens ordinaires et fatigués vous amènent à appréhender la vie avec plus d’indulgence et de légèreté.
Infirmière, père de famille ou chauffeur de taxi, les personnages de ces neuf histoires courtes sont si proches de nous qu’ils en deviennent inquiétants : on pourrait les croiser dans l’ascenseur, chez l’épicier. D’une certaine manière, ils en sont tous au même point de leur vie, une vie qui les a usés jusqu’à la corde, les a déçus. À l’instar d’Antoine, héros de la première nouvelle qui se saoule en apprenant la mort de Maurice Pialat ou de cette caissière de station-service, chacun est à un moment de son existence où un infime grain de sable peut enrayer la machine et lui faire atteindre un point de non-retour.
Mais peu importe, ils restent debout, courageusement, et malgré le désespoir du quotidien, Passer l’hiver se tient davantage du côté de l’hymne à la vie que de l’incitation au suicide. Au-delà d’une plume stricte et âpre, Olivier Adam porte un regard empreint de tendresse sur ces oubliés de la société : leur solitude et leur révolte face au temps qui passe révèle toute leur humanité. Étonnamment, c’est l’économie de mots, la précision des phrases débarrassées de tout superflu stylistique qui déchaînent les émotions et rendent ces textes si touchants et si violents. Car au final et de manière paradoxale, la fatigue et l’angoisse des différents protagonistes ne nous a jamais fait sentir aussi vivants et conscients de notre bonheur. Un bonheur que sa fragilité rend précieux.
Olivier Adam, Passer l’hiver, Ed. de L’Olivier, 2004, 160 pages, 15,20 €
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