Copyright Les Editions de Minuit, 2019

Notre avis Si un polar ne laisse planer aucun doute sur l’identité du coupable, dès lors que son titre fonctionne comme une quasi preuve, on est en droit de conclure : 1) qu’il ne s’agit pas d’un vrai récit policier et que les véritables intentions de l’auteur s’habillent des atours du divertissement. 2) qu’il s’agit d’une parodie puisque, convaincu de la culpabilité du narrateur, le lecteur a toute latitude pour sonder les motifs psychologiques qui conduisent le suspect à dissimuler, s’amuse à repérer ses manières outrées, comme s’il regardait un épisode des Petits meurtres à la télévision. A moins que le destinataire du roman ne s’attache au policier, dans la mesure où le titre du texte l’oriente vers ce choix, même s’il y a une double lecture de ce que cette expression "pas dupe" signifie : au fond, l’inspecteur Costa, aussi accrocheur que le lieutenant Columbo dont il se rapproche en tous points, y compris dans cette manière de revenir à la charge avec une fausse candeur, ne cherche pas tant la vérité -puisqu’elle est là- qu’il ne joue avec son suspect. En vrai chat qui maraude, rôde à toutes les heures pour retrouver sa pelote, n’obéit qu’à son désir, car il n’est pas exclu qu’au-delà de ses investigations, il en pince pour la voisine du héros, Gladys. Plus la présence de ce personnage mystérieux s’affirme, plus cette femme observatrice devient observée et acquiert la grâce que profile son corps. Le registre du texte se modifie imperceptiblement, Gladys aimante les personnages vers des zones troubles qu’on ne dévoilera pas. On imagine simplement ce qu’un Claude Chabrol aurait pu faire de ces pages si équivoques où, momentanément, le rideau des conventions sociales s’ouvre sur l’inconnu, tandis que la nuit s’allonge.