Le 20 octobre 2014
Comme toujours, Almodovar parle d’amour. Magistralement.
- Réalisateur : Pedro Almodóvar
- Acteurs : Dario Grandinetti, Leonor Watling, Rosario Flores, Geraldine Chaplin, Javier Cámara
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Espagnol
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Durée : 1h52mn
- Date télé : 5 décembre 2016 20:55
- Chaîne : Chérie 25
- Titre original : Habla con ella
- Date de sortie : 10 avril 2002
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Résumé : Benigno, un jeune infirmier, et Marco, un écrivain d’une quarantaine d’années, se rendent, chacun de son côté, à un spectacle de Pina Bausch, Café Müller. Ils sont assis l’un à côté de l’autre. La pièce est si émouvante que Marco éclate en sanglots. Apercevant les larmes de son voisin, Benigno aimerait lui faire part de son émotion, mais il n’ose pas. Quelques mois plus tard, les deux hommes se retrouvent dans d’autres circonstances, à la clinique El Bosque, où travaille Benigno. Lydia, la petite amie de Marco, torero professionnel, est plongée dans un profond coma suite à un accident survenu lors d’une corrida. Benigno, quant à lui, est au chevet d’Alicia, une jeune danseuse également dans le coma. Lorsque Marco passe à côté de la chambre d’Alicia, Benigno, sans hésiter, s’approche de lui. C’est le début d’une grande amitié quelque peu mouvementée
Critique : La scène s’ouvre sur un ballet. Deux femmes, émaciées, en chemises de nuit, les yeux fermés, parcourent fébrilement cet espace encombré de chaises, comme deux insectes captifs. Autour d’elles, un homme s’empresse, anticipant leur course désordonnée, pour écarter les chaises devant leurs pas. Deux hommes dans la salle, assis côte à côte ; l’un pleure, l’autre le regarde. Ces deux inconnus vont se retrouver autour de deux autres femmes qu’un coma profond cloue dans un lit d’hôpital.
Benigno s’affaire, lave, masse, parfume sa belle endormie dont il est l’infirmier, et surtout, parle, parle, lui dit tout, et vit, en définitive, la vie d’Alicia pour pouvoir la lui raconter. Marco, lui, terrassé par l’accident de Lydia, essaie de comprendre, mais ne parvient pas à entrer dans cette illusion de communication qui fait le quotidien de Benigno. Hable con ella, lui répète-t-il, parle avec elle. Marco en est incapable.
Almodovar parle des hommes ! Pas si sûr... Comme toujours, il parle d’amour... Un amour où les femmes, murées dans des univers impénétrables, seraient le jouet du désir et du fantasme des hommes. Comment pourrait-il en être autrement, de ces femmes qui trahissent, rejettent, dominent, puis engloutissent l’homme qui imprudemment s’aventure en elles. Alors, pourquoi a-t-on besoin d’elles, comme l’affirme Benigno ? Et peu à peu, par petites touches, on voit apparaître la relation qui se noue entre Marco et Benigno. Marco, le séducteur-baroudeur, Benigno, à l’orientation sexuelle mal définie. Et ce lien, cette amitié, c’est autour des femmes, qu’elle prend forme, à partir des femmes, à cause des femmes. Et nous voilà dans un glissement progressif des personnalités, comme si chacun tentait de se fondre dans l’autre pour mieux le connaître. Marco va comprendre les femmes à travers la féminité de Benigno, et c’est Benigno qu’il va rechercher chez Alicia. Benigno, lui, vit la vie qu’il invente pour Alicia, mais c’est Marco qu’il cherche dans les guides de voyage où il se voit cubaine regardant la mer de son balcon.
Parle avec elle, c’est l’histoire de cette parole qui n’atteint jamais son but, de ces rendez-vous manqués, de ces frôlements, de ces peut-être. L’histoire se raconte au présent, avec juste ce qu’il faut de retours en arrière sur le passé de chacun, divisée en tableaux, comme autant de possibles. On n’est plus ici dans le déchaînement d’une sexualité fantasmée, comme on pouvait la trouver dans Tout sur ma mère ou Talons aiguilles. Plus de chair, plus de travestis, plus de fards, plus de masques ; Almodovar ne parle plus des hommes ou des femmes : il parle des sentiments, de la pudeur, de la vie , de la souffrance ; il raconte la solitude, l’éphémère d’une rencontre qui peut changer une vie, la part de l’autre qui est en chacun de nous.
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