Papa was not a Rolling Stone - la critique du film

Adaptation du roman autobiographique du même nom, Papa was not a Rolling Stone s’avère être un film drôle et enthousiasmant sur une jeunesse des banlieues souvent mise de côté mais qui garde des étoiles plein les yeux et une rage de vivre tenace.

L’argument : Dans les années 80, Stéphanie grandit à La Courneuve auprès d’une mère absente et d’un beau-père brutal. Très vite, elle décide de se sortir de son quotidien morose. Grâce à l’amour de sa grand-mère, à ses lectures, sa passion pour la danse et pour Jean-Jacques Goldman, elle se débat dans cette cité colorée où l’amitié est primordiale. Un jour, elle le sait, Stéphanie quittera la cité pour mener la vie dont elle a toujours rêvé. Le film raconte l’histoire de cet envol. © Guy Ferrandis

Notre avis : Produit par Michael Gentile - à qui l’on doit la production du très remarqué Syngué Sabour, d’Atiq Rahimi - Papa was not a Rolling Stone est lui aussi l’adaptation d’un roman, et plus précisément du premier roman autobiographique écrit par la réalisatrice, Sylvie Ohayon, qui met également ici en scène son premier film. C’est bien cette énergie des premières fois que l’on retrouve tout au long du film, celle qui respire la jeunesse et qui fait pousser des ailes. Adolescente enracinée dans la cité des 4000, Stéphanie, interprétée avec un intrigant mélange de force et de douceur par Doria Achour, rêve d’évasion sans s’apercevoir que sa métamorphose en jeune femme brillante et déterminée a déjà commencée. La réalisatrice livre ici le portrait touchant et sensible d’une jeunesse prête à fournir toujours plus d’efforts pour réaliser ses rêves. © Guy Ferrandis
Le rythme de la parole tient une place centrale dans le film de Sylvie Ohayon. C’est ce rythme vif et pétillant qui donne vie aux personnages et qui teinte d’humour leurs échanges. Le duo formé par Doria Achour et Soumayé Bocoum - qui interprète Fatima, la meilleure amie de Stéphanie - fonctionne à merveille et leur relation apparait rapidement comme l’un des éléments moteurs du film. Autre élément fondamental, la relation entre Stéphanie et sa mère, interprétée par Aure Atika, s’avère être tout aussi réussi, les deux actrices semblant avoir trouvé un équilibre dans ce lien mère-fille touchant d’ambivalence. Côté scénario, des faiblesses se font cependant sentir au niveau des personnages masculins. Le beau-père brutal, interprété par Marc Lavoine, possède un caractère si caricatural que le rôle peine à toucher le spectateur et le jeune Rabah, contrepoint masculin dont Stéphanie tombe amoureuse - interprété par Rabah Naït Oufela - manque de relief, de répartie et s’efface malheureusement derrière le dynamisme des personnages féminins. Les personnages secondaires se retrouvent eux aussi trop rapidement esquissés et aucune réelle cohésion ne se fait entre les jeunes formant la bande d’amis de Stéphanie.
Sur une bande-son qui rend un hommage sincère à Jean-Jacques Goldman et à sa musique, le spectateur pourra découvrir un film sympathique et engageant qui donnera certainement envie aux spectateurs de suivre à l’avenir le parcours littéraire et cinématographique de Sylvie Ohayon.