Le 16 décembre 2017
Retour du cinéaste de l’excès dans un film fou et débordant, auquel le DVD donne une seconde chance.
- Réalisateur : Emir Kusturica
- Acteurs : Monica Bellucci, Miki Manojlović, Emir Kusturica
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Britannique, Serbe
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Editeur vidéo : Wild Side Video
- Durée : 2h05mn
- Box-office : 87 378 entrées France
- Titre original : Na mlečnom putu
- Date de sortie : 12 juillet 2017
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Résumé : Sous le feu des balles, Kosta, un laitier, traverse la ligne de front chaque jour au péril de sa vie pour livrer ses précieux vivres aux soldats. Bientôt, cette routine est bouleversée par l’arrivée de Nevesta, une belle réfugiée italienne. Entre eux débute une histoire d’amour passionnée et interdite qui les entraînera dans une série d’aventures rocambolesques.
Critique : Kusturica n’est plus en état de grâce : des critiques pour le moins mitigées, un box-office décevant : la magie n’opère plus. En voyant On the Milky Road, on se demande bien pourquoi, le réalisateur faisant plutôt bien ce qu’il sait faire, c’est à dire créer un univers décalé, mélange d’émotion et de burlesque, au son d’une musique tonitruante. Certes, on peut penser qu’il se répète, avec ici l’ajout d’une intrigue sentimentale pas toujours à la hauteur. Quelques baisses de rythme et un serpent numérique ridicule ne sauraient pas davantage expliquer pareil désamour. Tant pis ; pour les amateurs, ce récit « basé sur trois histoires vraies et une imagination débordante » est une ode à la vie foisonnante, à la musique et à l’amour, dont la vitalité enchante.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Il faut dire que ça commence en fanfare : en quelques plans, Kusturica installe son monde peuplé d’humains et d’animaux gentiment cinglés : des oies qui se baignent dans le sang, un faucon qui traverse le pare-brise d’un hélicoptère, un homme qui imite le clairon pour réveiller les soldats, une vieille femme qui tire sur une horloge folle… Tous ces détails sont à la fois saugrenus et, à la manière d’une ouverture d’opéra, tissent des motifs qui annoncent ou symbolisent la suite, dans laquelle les animaux jouent un rôle majeur ; c’est d’ailleurs un vrai bestiaire qui organise le film : serpent, poule, moutons, coccinelle, âne, vaches, ours, bélier, une manière d’arche de Noé que l’homme dans sa stupidité guerrière massacre sans fin. Naïveté ? Oui, sans doute, et jamais très loin du ridicule, comme quand le couple chute au ralenti dans une cascade. Sans doute aussi le film est-il trop long et se perd un peu dans une seconde partie erratique.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Mais que de trouvailles ! Entre la poule qui saute devant son miroir et le soldat qui lutte contre un bélier, c’est un festival d’incongruités récurrentes ou uniques, réinventant sans cesse, à force de détails délirants, un scénario somme toute modeste. Et puis, il faut le souligner, Kusturica reste un extraordinaire pourvoyeur d’images : de l’oie enflammée à la belle envolée finale, son imagination truculente ne faiblit pas et s’exerce à tout va au point qu’elle transcende ce que l’histoire peut avoir de vain ou de stéréotypé.
- Copyright Wild Bunch Distribution
Ajoutons que, et c’est plus inattendu, le cinéaste, s’il s’empêtre parfois dans le sentimentalisme, touche dans des séquences plus simples : la mort de l’âne ou la désintégration du personnage interprété par Monica Bellucci sont des moments d’émotion réussis. De même parvient-il à montrer la cruauté par des plans brefs et redoutablement efficaces. Et au bout du compte, c’est une vraie vision du monde que propose Kusturica, une vision naïve et pessimiste dans laquelle l’homme est le destructeur d’un monde harmonieux fait de joies simples. Il fait de ce petit coin, véritable microcosme, le symbole transparent du paradis perdu : la beauté et l’innocence y sont toujours sacrifiées dans une violence absurde. Mais, à notre sens, le cinéaste échappe au simplisme par un tempérament visuel hors du commun et crée un univers aussi cohérent que proliférant. Alors, le voyage que propose On the Milky Road devient un cheminement passionnant dans ses sinuosités même, perpétuellement réinventé, dans lequel l’œil toujours aux aguets s’abreuve sans fin.
Les suppléments :
Une simple bande-annonce…
L’image :
Le ciel est limpide, les textures impeccables et les couleurs confondantes de naturel. Bref, ce DVD correspond aux attentes actuelles du support et la chaleur de cette image, sa luminosité, servent un film aussi généreux.
Le son :
Des deux pistes (2.0 et 5.1), c’est la seconde qui enchante : musique dynamique (ah les percussions !), détonations fulgurantes, dialogues subtils. Pas de VF.
– Sortie DVD : le 12 décembre 2017
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