La queue entre les jambes
Le 11 janvier 2012
Un chant d’amour frustré et rageur, dédié au cinéma français, par le hardeur culte HPG. Maladroit, dérangeant mais terriblement sincère.
- Réalisateur : HPG
- Acteurs : HPG, LZA, Benoît Fournier
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 24 mai 2006
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Un chant d’amour frustré et rageur, dédié au cinéma français, par le hardeur culte HPG. Maladroit, dérangeant mais terriblement sincère.
L’argument : Hervé, 37 ans, est acteur de films X. Lassé de ses excès dans ce monde en marge, il décide de raccrocher son costume de Condoman et de changer radicalement de vie pour se consacrer au cinéma traditionnel.
Notre avis : Vedette incontestée du cinéma pornographique français de ces quinze dernières années, l’acteur HPG a souvent flirté avec le cinéma "traditionnel", notamment en tournant sous la direction de Catherine Breillat (Romance) et Bertrand Bonello (Le pornographe). Mais, ces rôles ayant toujours eu un lien avec son activité dans le milieu du X, HPG s’est vite fait une raison quant à se reconversion dans le cinéma français, comme si le fait d’avoir été acteur porno signifiait qu’il serait un paria toute sa vie. C’est le sujet même d’On ne devrait pas exister.
Le cinéma français repousse ses avances, HPG tente donc de le pénétrer de force et finit par donner naissance à ce film bâtard qui mêle fiction et réalité sans aucune délimitation précise. Cette confusion assumée en déroutera plus d’un, c’est certain. Mais il ne faut pas oublier que le film d’HPG est avant tout une proposition de cinéma. Qui dit proposition, dit acceptation ou refus. Libre au spectateur de rester hermétique à ce cinéma qui fait peur, étonne et agace parfois. Un cinéma bancal, boîtant et "claudiquant", pour reprendre une formule de Jean Cocteau, qui diffuse un malaise pernicieux. Résultat : la projection du film se retrouve rythmée par le claquement régulier des portes du cinéma. On ne devrait pas exister ne devrait donc pas exister ? Rien n’est moins sûr.
S’il y a bien un reproche que l’on ne peut pas faire au réalisateur, c’est son manque de courage. HPG est une tête brûlée, une sorte de kamikaze du cinéma qui joue au funambule en équilibre précaire sur le fil d’une réflexion profonde et sincère à propos du métier de comédien, mais qui peut basculer subitement dans la fumisterie la plus complète. Bref, ça passe ou ça casse, ou plutôt ça passe ET ça casse. Les nombreuses maladresses du film renforcent paradoxalement, et de manière touchante, le message d’amour lancé au cinéma français par HPG. Il aime le cinéma, il veut en faire partie, peu importe la manière. On retrouve cette volonté tenace lorsque le personnage d’Hervé tente de forcer la serrure de la Cinémathèque française avec un... godemiché ! Ce n’est pas très habile mais l’idée est claire !
L’humour du film l’empêche de sombrer dans le pensum étouffant et vain. Le personnage de Condoman et les remakes foireux des films de Kubrick par un vieux "cinéaste" libidineux en sont les meilleurs exemples. Un humour doublé d’une autodérision féroce. Un peu trop d’ailleurs. L’excès d’humilité d’HPG finit par enfermer Hervé dans un masochisme outrancier qui nous empêche de croire tout à fait en lui. Il en rajoute dans l’humiliation et ne se laisse aucune chance comme si son amertume le condamnait définitivement. Dommage car, à trop en faire, il finit, si l’on peut dire, par se mordre la queue.
A noter enfin les présences de Marilou Berry, Rachida Brakni et Bertrand Bonello dans leurs propres rôles. Plus qu’une caution artistique, l’apparition des deux actrices et du cinéaste permet à HPG, non seulement de réussir une très belle scène, mais aussi de prendre sa revanche en se servant d’acteurs "traditionnels" comme le cinéma s’est servi de lui, c’est-à-dire en les mettant dans l’environnement dont ils sont issus : le cours de théâtre. La boucle est bouclée. HPG peut passer à autre chose et essayer enfin d’exister.
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