Choeur mixte
Le 16 mars 2013
Vitali Kanevski réinvente les règles du documentaire pour aller au-devant des enfants de Saint-Pétersbourg livrés à eux-mêmes dans la société post-communiste.
- Réalisateur : Vitali Kanevski
- Acteurs : Dinara Droukarova, Pavel Nazarov
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français, Russe
- Editeur vidéo : Potemkine
- Durée : 1h24mn
- Date de sortie : 7 septembre 1994
- Plus d'informations : http://www.potemkine.fr/Potemkine-f...
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– Sortie en DVD le 2 avril en même temps que Genpin de Naomi Kawase.
– Produit en 1993 par Vitali Kanevski, Esther Hoffenberg et Jérôme Clément pour Lapsus Productions, La Sept-Arte, DAR St-Péterbourg, RAI 3 et Danmarks Radio TV2.
Vitali Kanevski réinvente les règles du documentaire pour aller au-devant des enfants de Saint-Pétersbourg livrés à eux-mêmes dans la société post-communiste.
L’argument : Nous, les enfants du XXème siècle met en scène des enfants des rues de Saint-Pétersbourg : vagabonds inoffensifs, "fumeurs précoces", mais aussi cambrioleurs et mêmes meurtriers. L’effondrement des tabous et de l’autorité établie a considérablement diminué leurs inhibitions. Même leurs parents ne placent plus aucune ambition en eux. Dans ce néant social, qui va montrer à ces enfants ce à quoi la vie doit ressembler ?
Vitali Kanevski accompagne le spectateur dans une descente aux enfers et explore l’âme de criminels, petits et grands : bien que victimes de la société, ces derniers peuvent-ils être absous de toute responsabilité morale ?
Notre avis : Vitali Kanevski s’était fait connaître en remportant, à 55 ans, la Caméra d’Or du Festival de Cannes 1990 pour son premier long-métrage de fiction Bouge pas, meurs, ressuscite auquel fit suite, deux ans plus tard Une vie indépendante (Ours d’Or à Berlin puis Prix du Jury à Cannes ).
Dans le documentaire-fiction Nous, les enfants du XXème siècle le cinéaste rend visite, en prison, à l’interprète principal des deux films, Pavel Nazarov, devenu véritable délinquant (mais décidé à poursuivre sa carrière d’acteur lorsqu’il aura purgé sa peine) et organise de troublantes retrouvailles avec son ancienne partenaire Dinara Drukarova.
Dans cette séquence, comme dans le reste du film, Kanevski, ne cherche pas à se retrancher derrière la prétendue neutralité du documentaire sociologique. Renonçant à tout commentaire surplombant, à la leçon comme à l’explication, il bouscule le confort du spectateur en intervenant lui-même comme acteur, interpellant, commentant en direct, apparaissant même parfois à l’image et assumant ouvertement le rôle d’organisateur, de metteur en scène de ce réel dont il ne cherche pas à masquer la nature problématique.
- Nous les enfants du XXème siècle
Filmant ses interlocuteurs de manière frontale, il s’amuse à déjouer constamment les règles de l’interview et à les dérouter en dialoguant avec eux sur le mode d’une complicité mêlée de provocation : T’es jolie ? ; Connais-tu une chanson ? ; Je donne 5000 roubles à qui répond franchement : Qui est capable de tuer son père ?
Certains commentateurs ont reproché au cinéaste une tendance au sensationnalisme, voire une fascination morbide pour la monstruosité et la cruauté d’une société déréglée par l’effondrement de l’URSS, par exemple lorsqu’il fait (complaisamment ?) détailler leurs crimes à de jeunes assassins ou lorsqu’il se met perceptiblement en danger en abordant sur un ponton un caïd et ses hommes de main peu soucieux de se laisser filmer (Le racket ? - Un accord commercial volontaire !).
- Nous les enfants du XXème siècle
On notera pourtant la sobriété sèche du montage et le souci d’éviter tout apitoiement même si une réelle tendresse est perceptible dans l’aptitude du cinéaste à saisir, en gros plan, la beauté vivante des visages, sa manière d’observer deux garçons qui dialoguent, paisiblement assis sur les marches, ou de faire, à plusieurs reprises, chanter en choeur (mixte ou pas) des gamins qui ont tout vécu mais ne sont pourtant pas encore revenus de tout.
Le DVD
- Nous les enfants du XXème siècle
Potemkine inaugure avec ce film de Kanevski (et un autre de Naomi Kawase) une collection documentaire prometteuse.
Les suppléments :
Au cours d’un bref entretien de 12 minutes, Esther Hoffenberg, coproductrice du film, raconte la genèse du projet et décrit avec pertinence la méthode Kanevski.
Image :
Le film, bien que produit pour la télévision, a été tourné en 35 mm. La copie présente de menus défauts mais rend justice aux belles couleurs froides de la photo signée Valentin Sidorine. Le report en DVD est impeccable.
Son :
Une piste mono d’une netteté exempte de défauts notable.
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