Maman est partie
Le 4 octobre 2012
Ce mélodrame d’une douceur implacable et poignante est la première oeuvre majeure du tandem De Sica – Zavattini. Une révélation.
- Réalisateur : Vittorio De Sica
- Acteurs : Emilio Cigoli, Luciano De Ambrosis, Isa Pola, Adriano Rimoldi, Dina Perbellini, Giovanna Cigoli
- Genre : Mélodrame
- Nationalité : Italien
- Editeur vidéo : Tamasa
- Titre original : I bambini ci guardano
- Plus d'informations : http://www.tamasadiffusion.com
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– Tourné durant l’été 1942 à Alassio, en Ligurie, puis à Rome durant l’hiver suivant. Scènes d’intérieur réalisées dans les studios de la Scalera sur la Circonvallazione Appia.
– Sortie en Italie : 27 octobre 1944
– Sortie DVD : 16 octobre 2012 (en même temps que L’or de Naples)
Ce mélodrame d’une douceur implacable et poignante est la première oeuvre majeure du tandem De Sica – Zavattini. Une révélation.
L’argument : Pricò, 7 ans, est témoin de la lente dégradation de la relation entre ses parents. Nina, après avoir tenté de maintenir son mariage à flots, abandonne son fils et son mari, Andrea, pour aller vivre avec son amant, les laissant dans la douleur et la solitude. Andrea, malheureux, confie son fils à un collège religieux …
Notre avis : Acteur très populaire depuis Gli uomini che mascalzoni (Mario Camerini 1932), Vittorio de Sica était passé à la mise en scène en 1939 avec Rose scarlatte. Après avoir réalisé et interprété trois comédies ainsi qu’un film en costumes il tournait en 1942/43 ce drame dans lequel pour la première fois il n’apparaissait pas devant la caméra.
- I bambini ci guardano (De Sica 1943)
Le scénario, qui porte la marque de Cesare Zavattini, est adapté d’un roman de Giulio Cesare Viola intitulé Pricò et adopte le point de vue de son très jeune protagoniste pour observer le monde des adultes en une série de saynètes drôles et cruelles qui épinglent sans aménité l’égoïsme, les préjugés de classe et la morale petite-bourgeoise.
S’il cède par moments à un sentimentalisme arrache larmes, souligné par la musique de Renzo Rossellini, et frôle parfois la caricature (la voisine inquisitrice, la grand-mère impotente qui clame qu’elle veut vivre tranquille), le film doit son fort impact émotionnel à un réalisme très éloigné des conventions du cinéma fasciste (prise de son qui a tout l’air d’être en direct ; séquences quasi documentaires comme celle du spectacle de marionnettes dans le parc) et à l’acuité de son sens de l’observation (les employées de la maison de couture qui s’écartent du petit intrus pour poursuivre leurs commérages en baissant à peine la voix ; l’employé des chemins de fer qui, surprenant le petit fugueur sur les voies, le chasse brutalement mais ne peut s’empêcher de lui demander s’il s’est fait mal en tombant).
- I bambini ci guardano (De Sica 1943)
Traitant toutes les scènes, même les plus éprouvantes et dramatiques, avec une espèce de douceur inflexible, De Sica met le spectateur en position inconfortable et lui fait ressentir le côté intenable des situations sans lui permettre de s’abriter derrière un jugement sommaire ni de prendre parti à bon compte.
Car si le père est, sur le papier, le seul personnage adulte positif (avec la vieille gouvernante ronchon jouée avec une admirable retenue par Giovanna Cigoli) c’est plutôt celui, à priori indéfendable, de la mère ingrate qui a droit a toute la délicate attention de la caméra et qui, magnifiquement interprétée par Isa Pola, s’avère au final le plus émouvant du film.
Aucun doute : bien que moins connu que Sciuscia ou Ladri di biciclette, I bambini ci guardano, est une des grandes réussites de De Sica, cinéaste inégal mais attachant.
- I bambini ci guardano (De Sica 1943)
- I bambini ci guardano (De Sica 1943)
Le DVD
- I bambini ci guardano (De Sica 1943)
Une remarquable édition DVD permet de découvrir dans les meilleures conditions cette première oeuvre majeure de De Sica.
Les suppléments
Dans un remarquable livret d’accompagnement illustré, Jean Gili, grand connaisseur du cinéma italien, replace le film dans son contexte et le commente de manière fort pertinente.
Sur le disque on pourra se refaire le film en laissant défiler la belle galerie de photos qui contient aussi quelques affiches d’époque.
Une filmographie complète ce programme succinct mais de bonne tenue.
Image
Certains plans de bord de mer sont surexposés. C’est sans doute à mettre au compte des conditions de tournage en extérieur. La photo contrastée (mais pas trop) de Giuseppe Caracciolo et Romolo Garroni a dans l’ensemble bien résisté au temps et le transfert en restitue parfaitement la beauté austère.
Son
La bande son mono est parfois saturée et les dialogues ne sont pas toujours parfaitement intelligibles. C’est sans doute dû, plus qu’à une insuffisance de restauration, à un louable parti pris anti-déclamatoire qui fait sonner juste toutes les répliques et contribue à l’émotion provoquée par le film.
Galerie Photos
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