Enfants de la Baltique
Le 2 mai 2010
Un documentaire poignant et enchanteur sur les enfants de la région déshéritée de Kaliningrad.
- Réalisateur : Volker Koepp
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Allemand
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Holunderblüte
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– Sortie Allemagne (salles) : 24 janvier 2008
– Grand Prix Cinéma du Réel 2008
Un documentaire poignant et enchanteur sur les enfants de la région déshéritée de Kaliningrad.
L’argument : Gastellovo, près de Kaliningrad - l’ex-Königsberg de Prusse-Orientale. Des enfants jouent dans des ruines de fermes... Ils parlent de leurs jeux, de l’amour, de leurs projets d’avenir ...
Notre avis : Volker Koepp, né en 1944, à Stettin en Poméranie (aujourd’hui Szczecin en Pologne) est un des meilleurs représentants de l’école documentaire de l’ex RDA. Près de quinze ans après le magnifique Kalte Heimat (1993-95) il revient dans Holunderblüte, grand prix du Festival du Réel de Paris en 2008, au territoire de l’ancienne Prusse Orientale, annexée en 1945 à l’URSS, et qui est restée une enclave russe coincée entre la Pologne et la Lituanie.
Volker Koepp - HolunderblüteDe la longue histoire allemande de cette région il ne reste que des vestiges architecturaux, églises et villages peu à peu enfouis sous la végétation. Koepp filme admirablement et amoureusement cette nature redevenue sauvage : bords de mer, bâtiments abandonnés, plaines écrasées par de formidables forteresses nuageuses... la photo de Thomas Plenert magnifie ces paysages captés au fil des saisons, le film ayant été tourné entre août 2006 et février 2007.
Les russes, installés après la guerre et plus que jamais isolés de la mère patrie depuis la chute de l’URSS, désertent lentement ce territoire où l’Histoire semble s’être arrêtée et où l’avenir n’offre aucune perspective. L’hymne national de la Sainte Russie résonne lors d’une dérisoire cérémonie de rentrée scolaire au milieu d’une assemblée dont on ne sait si elle est recueillie ou perplexe. Les adultes n’occupent à vrai dire qu’une place très marginale dans ce film. Ceux qui apparaissent à l’écran sont pour la plupart des alcooliques en état de totale déréliction.
- Holunderblüte (Koepp 2007)
Le film concentre son attention sur un groupe d’enfants qui jettent sur ce désastre généralisé un regard sans illusions mais gardent une vitalité et une foi en l’avenir qui semble inébranlable. Koepp sait les regarder respectueusement et leur accorder le temps de parole nécessaire pour développer un discours d’une étonnante cohérence. Chacun de ces enfants devient un personnage inoubliable et leur vitalité fournit un contrepoint optimiste au ton élégiaque qui imprègne l’oeuvre.
En voix off nous entendons quelques textes en allemand dits d’une voix feutrée : poème élégiaque de Johannes Bobrowski [1], conte d’Andersen [2], quelques informations factuelles, mais la parole est donnée avant tout aux enfants et à la nature. L’alchimie subtile entre mélancolie et légèreté fait naître un grand moment d’émotion et d’émerveillement pour le spectateur.
- Holunderblüte (Koepp 2007)
[1] Johannes Bobrowski, Die Daubas (1954) :
Droben schwang der Wind. / Wir lebten am Fluss in den Hütten. / Dunkelnd die Ufer hinauf, / tönte das Schilf. // Wir waren Kinder mit unsern / Herzen. Die sangen uns jahrhin. / Anders nicht als die Erde / kamen Fröste und Regen, / Blitz und Gewölk, wie die Zeit - // wie die Zeit, / die wir nahmen / und gaben sie aus den Händen, / rot von Früchten. Die Winter / flossen ins Licht. (…)
Tentative de traduction : Tout en haut s’élançait le vent. / Nous vivions au bord du fleuve, dans les cabanes. / S’assombrissant en remontant les rives / chantaient les roseaux. // Nous étions enfants, avec nous : nos / coeurs. Ils chantaient pour nous bon an mal an. / Pas distincts de la terre arrivaient gels et pluies, éclairs et nuages, comme le temps.- // Comme le temps / que nous prenions / et donnions à pleines mains / rouges de fruits. Les hivers / coulaient dans la lumière. (...)
[2] Hans Christian Andersen La fée du sureau (Hyldemoer, 1844) :
Oui, c’est ainsi, dit la petite fille dans l’arbre, certains me nomment Mère Sureau, d’autres Dryade, mais mon vrai nom est souvenir. C’est moi qui suis assise dans l’arbre qui ne cesse de pousser. Je peux me souvenir. Je peux raconter.
Texte original : Ja, saadan er det ! sagde den lille Pige i Træet, Nogle kalde mig Hyldemoer, Andre kalde mig Dryade, men egentlig hedder jeg Erindring, det er mig, der sidder i Træet, som voxer og voxer, jeg kan huske, jeg kan fortælle !
Texte allemand cité dans le film : Ja so ist es, sagte das kleine Mädchen im Baum, einige nennen mich Holundermutter, andere nennen mich Dryade, aber eigentlich heiße ich Erinnerung. Ich bin es, die im Baum sitzt, der wächst und wächst. Ich kann mich erinnern. Ich kann erzählen.
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