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Le 19 septembre 2015
La série sur Pablo Escobar (mais pas que) vient de s’offrir au public français le temps d’une excellente saison de dix épisodes instantanément disponibles sur Netflix. Retour sur ce phénomène dont on devrait rapidement réentendre parler... la saison 2 venant d’être officialisée et signée !
- Réalisateurs : Divers - José Padilha
- Acteurs : Wagner Moura, Boyd Holbrook
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Thriller
- Nationalité : Américain
- Durée : 50 minutes (x10)
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La série sur Pablo Escobar (mais pas que) vient de s’offrir au public français le temps d’une excellente saison de dix épisodes instantanément disponibles sur Netflix. Retour sur ce phénomène dont on devrait rapidement réentendre parler... la saison 2 venant d’être officialisée et signée !
L’argument : Loin d’un simple biopic de Pablo Escobar, Narcos retrace la lutte acharnée des États-Unis et de la Colombie contre le cartel de la drogue de Medellín, l’organisation la plus lucrative et impitoyable de l’histoire criminelle moderne. En multipliant les points de vue — policier, politique, judiciaire et personnel — la série dépeint l’essor du trafic de cocaïne et le bras de fer sanglant engagé avec les narcotrafiquants qui contrôlent le marché avec violence et ingéniosité.
Notre avis : À la vision du pilote de Narcos, on frissonne autant de plaisir que de frayeur. Le plaisir de découvrir une série au visuel classieux (à la très belle photographie, empruntant les dominantes marquées d’un certain Guillermo Navarro continuant à faire ses armes de réalisateur TV le temps de 2 épisodes), s’ouvrant sur une scène aérienne du plus bel effet. La frayeur, aussi, d’assister à un show tellement emprunté à certains classiques qu’il sombrerait dans le pillage pur et dur. La voix off, itération de ce qui se passe à l’écran, synthétise effectivement l’un des procédés cher à Scorsese durant sa période s’étalant entre ses chefs-d’œuvre Les Affranchis et Casino. Et puis il y a ce protagoniste un peu fade, l’agent de la DEA Steve Murphy, de prime abord mollement interprété par Boyd Holbrook. Mais il suffit de se plonger dans le deuxième épisode de cette série de haute volée, probablement l’une des meilleures de 2015, pour se rendre à l’évidence : les points négatifs du début de saison sont très rapidement transposés en atouts, contournant par là même cette sensation de contrefaçon qui devient l’un des thèmes prégnants de l’œuvre !
- © Netflix
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José Padhila, très inspiré quand il s’agit de dépeindre l’univers des Tropa de Elite, déjà beaucoup moins lorsque les géants hollywoodiens lui "coupent l’herbe sous le pied" dans le cadre du remake de RoboCop, reste un metteur en scène talentueux. On imagine aisément qu’il est l’un des principaux "meneurs" de la direction artistique hors pair de la série. L’utilisation des décors, tous naturels et situés en Colombie, lorgne du côté des méthodes de tournage du Nouvel Hollywood, paraphrasant Friedkin lorsqu’il affirme que "l’extérieur doit être une métaphore de nos paysages intérieurs". Et c’est ici précisément ce qui se passe lors des plans contemplatifs scrutant Escobar en pleine réflexion au devant de "ses" précieuses terres colombiennes. Tout à l’écran respire l’authenticité, du mobilier d’époque jusqu’aux costumes, en passant par les véhicules et, bien entendu, l’artillerie. Du très beau travail de reconstitution, autant visuel que narratif. Car Narcos, c’est aussi et surtout l’algorithme d’un gros effort de régénération qui se paye le luxe de bâtir ses cliffhangers sur... des faits réels. Faits réels qui attestent la pensée de Mark Twain voulant que "la vérité est toujours plus surprenante que la fiction, parce que la fiction doit coller à ce qui est possible, alors que la vérité, elle, n’y est pas obligée."
- © Netflix
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Et c’est clairement ce point qui "force" Narcos à avoir l’intelligence de perpétuellement remettre en cause son existence même. Les réalisateurs rejoignant Padhila sur le projet, tous très doués, filment cette chronique à hauteur d’homme, en empruntant autant au documentaire qu’à la fiction. Ils versent dans ce que l’on pourrait nommer la méta-série (une aspiration trop rarement attribuée au petit écran), déroulant une introspection passionnante se demandant : comment montrer ces événements, relatés par les médias, dans le cadre d’un apologue télévisuel ? Les images d’archives, fréquemment partie intégrante du montage, sont autant utilisées sous le couvert de cette réfraction que sous celui d’une liaison diégétique. Et le résultat est stupéfiant !
- © Netflix
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L’évolution du show est donc subtile, se jouant des artifices du début de saison à merveille. Steve Murphy, le narrateur de cette histoire, passe du statut de protagoniste effacé à celui de spectateur bien souvent impuissant (nous). Pablo Escobar (grandiose Wagner Moura), se meut pour sa part en metteur en scène édifiant littéralement son histoire et son destin à son gré, et tel qu’il l’entend. Et aux non moins grandioses Pedro Pascal et Maurice Compte de jouer la contre-force (les acteurs) du gouvernement colombien dans une mascarade politique faramineuse. Ce n’est pas la psychologie et l’idéologie qui dicte les agissements de chacun, mais bel et bien l’action. Comment échapper aux forces de l’ordre ? Comment coffrer ou abattre Escobar ? À aucun moment, la subversivité régulièrement accolée aux années Reagan n’est mise en avant, la démarche étant ici d’étaler les faits tels qu’ils peuvent être attestés avec le recul. À ce petit jeu, Narcos excelle au-delà de ce que l’on pouvait imaginer. Vivement la suite !
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