Grands soirs et beaux lendemains - la critique des films + le test DVD

Notre avis : L’intérêt historique ne fait aucun doute, et il est abondamment souligné dans les suppléments ; on se promène dans ces courts-métrages comme dans un livre d’histoire, certes très orienté, très idéologique (c’est quand même le parti communiste...), mais qui propose une vision du monde cohérente : les ouvriers, les paysans et les pêcheurs sont nobles et courageux, mobilisables et humbles ; le gouvernement est dur, les forces de l’ordre sans pitié même si on peut à l’occasion les moquer comme on moque la propagande d’État à travers la radio. Schématique bien sûr, manichéen sans doute, naïf indubitablement, ces films témoignent d’un temps infiniment plus simple où les bons et les méchants sont facilement identifiables : ils sont néanmoins précieux en ce qu’ils montrent un passé âpre, dans lequel la misère est patente malgré de doux moments. Les images des paysans semblent dater du dix-neuvième siècle et on est très loin des ingénieurs agricoles d’aujourd’hui. De même a-t-on oublié la dangerosité de certains métiers (mineurs, dockers).

Ce manichéisme ne va évidemment pas sans lourdeur, tant dans les commentaires très écrits que dans la dénonciation sans équivoque ; de même la fascination pour Staline surprend-elle par son excès, comme, dans un autre genre, l’anti-américanisme. Mais l’attention portée aux petites gens, l’appel à la solidarité, l’anti-colonialisme ou la lutte pour les droits des femmes sont universels et intemporels ; ils touchent de nos jours comme dans les années 40 et 50, images pathétiques qu’une mise en scène très simple et souvent efficace magnifie.

On recommande de piocher dans ces courts-métrages, selon son humeur, tel ou tel sujet : surprenants ou attendus, ils portent un témoignage fort d’une époque disparue, touchant malgré une tendance à la caricature et, pour les curieux, strictement indispensable.

Les suppléments :
Le livret d’abord, mais on devrait dire le livre : 138 pages denses et illustrées de belle manière, avec des articles de différents spécialistes et un entretien avec Bertrand Tavernier, des précisions sur chaque film, le tout constituant une somme de savoirs et d’analyses très stimulantes. Mais il y a aussi sur les DVD cinq interventions lumineuses d’historiens. Bref, tout pour remettre en perspective et comprendre des images que le temps a partiellement obscurcies.

L’image et le son :
Vu la rareté et l’âge des archives, on peut se satisfaire d’une image à la définition très moyenne et d’un son simplement audible, parfois un peu mieux ; même si la qualité est variable, on est loin des critères actuels ; tant pis. La richesse des films en vaut la peine.