Le 24 mars 2020
- Compositeur : Manu Dibango
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Le célèbre instrumentiste et chanteur est mort aujourd’hui, emporté par le Covid-19. Il était un des représentants les plus illustres de l’afro-jazz.
News : La pandémie de Covid-19 qui sévit notamment en Europe a emporté l’un des plus éminents représentants du world jazz, qui aura, sa vie durant, métissé les genres musicaux, en inventant les fondements de ce qu’on a aussi appelé "l’afro-jazz". Arrivé en France à la fin des années 40, pour y faire ses études, le futur artiste avait déjà été initié à la musique dans son Cameroun natal, notamment par l’intermédiaire du gramophone parental et des marins de l’étranger, qui débarquaient avec leurs disques dans le port de Douala. Au début des années 50, il découvre la mandoline, le piano, puis se familiarise avec son instrument fétiche, le saxophone. A cette époque, il commence à se produire dans des bars, des clubs, des cabarets, alors que son père souhaiterait qu’il poursuive ses études. Puis il déménage en Belgique, où il fréquente les artistes congolais, au moment où leur pays accède à l’indépendance (1960), rencontre le "Grand Kallé", chantre de la rumba, qui le prendra dans son orchestre et lui permettra de vivre ses premiers succès, avec une tournée à travers le pays gouverné par le dictateur Joseph-Désiré Mobutu, et qu’on appelait encore "Zaïre".
Quelques années plus tard, Manu Dibango est à la tête de sa première formation orchestrale. Avec elle, il remporte le succès en 1969, date à laquelle il sort son opus Saxy-Party, où il reprend notamment quelques standards de la chanson hexagonale ou internationale (Je veux être noir de Nino Ferrer, artiste et grand amateur de jazz avec lequel il travaillera, Le métèque de Georges Moustaki ou le standard du gospel Oh ! Happy Day). Mais c’est une face B, sortie trois ans plus tard, en 1972, qui lui apporte une consécration internationale : Soul Makossa devient son morceau le plus connu, samplé par Michaël Jackson et Rihanna.
L’utilisation du thème vaudra des procès intentés aux maisons de disques de ces artistes. Des arrangements financiers seront trouvés entre les différentes parties. Dans les années 80 et 90, le saxophoniste ne ralentit pas son rythme : il collabore avec Serge Gainsbourg, sort en 1992 le très ambitieux Wakafrika, qui rassemble les plus grands tubes du continent africain, avec la collaboration de pointures internationales comme Peter Gabriel ou Sinéad O’Connor. Il crée aussi, en 1997, le Festival Soirs au Village, dans la commune de la Sarthe, Saint-Calais, qui l’a accueillie à son arrivée en France.
Ses voyages géographiques et musicaux l’amèneront à intégrer le reggae, la musique cubaine, mais aussi l’électro, le hip-hop l’électro à son ADN jazz, tout au long de ces années où les albums se succèdent, jusqu’au dernier sorti en 2013, Ballade en Saxo. L’an dernier, il tournait encore pour ses soixante ans de carrière. Artiste engagé au service des droits humains, militant écologiste convaincu, Manu Dibango avait été nommé artiste de l’Unesco pour la paix en 2004.
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