Le 24 novembre 2018
- Réalisateur : Nicolas Roeg
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Auteur de trois films cultes des années 70, le cinéaste britannique, qui a inspiré Christopher Nolan, reste un artiste à réévaluer dans l’histoire du septième art.
Nicolas Roeg n’a pas la place qu’il mérite dans les annales du cinéma. Il faut dire que ses meilleurs films, réalisés dans les années 70, avaient reçu un accueil mitigé, et que les deux dernières décennies de sa carrière se sont avérées plutôt décevantes. La découverte au Cinéma de Minuit sur France 3 de Ne vous retournez pas, et la ressortie en salles ainsi qu’en DVD/Blu-ray de ses pépites des seventies ont permis toutefois de réévaluer son art. Nicolas Roeg avait débuté comme opérateur sur des films de David Lean (Lawrence d’Arabie), avant de devenir le directeur de la photographie d’œuvres de Roger Corman (Le Masque de la mort rouge), François Truffaut (Fahrenheit 451) ou John Schlesinger (Loin de la foule déchaînée). En 1970, il passa à la réalisation avec Performance, co-réalisé avec Donald Cammell, et interprété par James Fox et Mike Jagger. Mais c’est le psychédélique La Randonnée qui le fit passer dans la cour des grands. Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 1971, le film contait les déboires d’une jeune Anglaise (Jenny Agutter) contrainte de survivre avec son petit frère dans le désert australien, avant de rencontrer un jeune Aborigène (David Gulpilil) qui les prend sous sa protection.
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Transgressif, surréaliste et profondément sensuel, ce métrage qui se voulait aussi une satire de la société de consommation s’avère l’un des films les puissants et poétiques du septième art, quelque part entre L’Atalante et La Nuit du chasseur. En 1972, Nicolas Roeg proposait Ne vous retournez pas, adapté d’un roman de Daphné du Maurier, œuvre phare qui connut peu de succès commercial, mais confirmait une véritable énergie créative, ici au carrefour du suspense hitchcockien et des apports du giallo italien. Dans une Venise hors des clichés de carte postale, le cinéaste filmait les déboires d’un couple (Donald Sutherland et Julie Christie) rattrapé par le souvenir d’un deuil et devant faire face à des événements sordides. Le montage élaboré du film et la déstructuration de la dimension temporelle influenceront des cinéastes de la trempe de Christopher Nolan ou Alejandro Amenábar. En 1976, Nicolas Roeg se frotta à la science-fiction et dirigea David Bowie dans L’Homme qui venait d’ailleurs : un autre bijou, une autre création incomprise ayant pris le statut de film culte avec les années.
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Œuvre atypique, le film détournait les codes du genre pour évoquer de manière originale l’aliénation et l’isolement psychologique d’un être peu commun. Après ces sommets, le réalisateur peina à trouver la même inspiration mais il faut sans doute redécouvrir Enquête sur une passion (1980), thriller original et conceptuel interprété par Art Garfunkel, Theresa Russell et Harvey Keitel ; Eureka (1984) (avec Rutger Hauer et Gene Hackman), polar d’une rare exubérance plastique ; ainsi qu’Une nuit de réflexion (1985), comédie dramatique primée à Cannes. La suite de sa carrière fut un cran au-dessous, et l’on ne saurait considérer comme d’authentiques réussites Les Sorcières (1990), comédie horrifique avec Anjelica Huston, ou Puffball (2007), série B fantastique avec Kelly Reilly. Nicolas Roeg n’en demeure pas moins l’un des réalisateurs britanniques les plus inventifs. Il vient de disparaître à l’âge de 90 ans.
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