Le 9 juillet 2015
À défaut de renouer avec un souffle égaré dans le portefeuille de Mickey, Pixar balaie Cars 2 sous le tapis de sa propre histoire et se lance dans l’auto-contrefaçon prestige.
- Réalisateur : Dan Scanlon
- Acteurs : John Goodman, Billy Crystal
- Genre : Comédie, Animation, 3D
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h44mn
- Date télé : 29 octobre 2019 21:05
- Chaîne : W9
- Titre original : Monsters University
- Date de sortie : 10 juillet 2013
- Voir le dossier : Pixar, Les films Pixar
À défaut de renouer avec un souffle égaré dans le portefeuille de Mickey, Pixar balaie Cars 2 sous le tapis de sa propre histoire et se lance dans l’auto-contrefaçon prestige.
L’argument : Même quand il n’était qu’un tout petit monstre, Bob Razowski rêvait déjà de devenir une Terreur. Aujourd’hui, il est enfin en première année à la prestigieuse université Monstres Academy, où sont formées les meilleures Terreurs. Son plan de carrière bien préparé est pourtant menacé par sa rencontre avec James P. Sullivan, dit Sulli, un vrai crack qui a un don naturel pour Terrifier. Aveuglés par leur désir de se prouver l’un à l’autre qu’ils sont imbattables, tous deux finissent par se faire renvoyer de l’université. Pire encore : ils se rendent compte que s’ils veulent que les choses aient une chance de rentrer dans l’ordre, ils vont devoir travailler ensemble, et avec un petit groupe de monstres bizarres et mal assortis…
Notre avis : Jusqu’en 2011, nous pensions les studios Pixar titulaires d’un bail à durée indéterminée au panthéon de l’animation. Aussi prolixes qu’irréprochables, ils s’y étaient aménagé un très joli pied-à-terre, construit sur des coups de génie à usage unique, une intégrité de boy-scout, et une seule véritable franchise (la très légitime trilogie Toy Story). Mais après avoir longtemps incubé dans les soutes d’un navire racheté en 2006, le virus Disney a depuis quelques années posé ses vilaines pattes gantées sur le gouvernail de Capitaine Lasseter.
C’est sous l’impulsion de l’empire de Walt qu’au sortir d’un quarté d’excellence usiné par les prodiges maison (Wall-E, Ratatouille, Là-Haut et Toy Story 3), Pixar s’est d’abord autorisé à bâcler la suite de Cars pour vendre des caisses de voiturettes à des gnomes autophiles, avant de laisser Brenda Chapman (pur produit Disney) commettre le très regrettable Rebelle, et Dan Scanlon s’emparer des monstres du fulgurant Pete Docter pour en essorer le concept. Jadis mises à la retraite anticipée après leur première ponte dorée, les poules pixariennes seront désormais sommées de continuer à cracher des œufs de seconde couvée dans le panier sans fond de leurs nouveaux patrons. Mais quitte à s’engager sur une mauvaise pente, autant la négocier avec grâce, histoire de préserver son futur patrimoine des enfers du DTV (où il risquerait de croiser les suites mal nées du Roi Lion et d’Aladdin.)
Prequel modeste, déférent et bien sous tous rapports, Monstres Academy a le mérite immédiat de partager les problèmes de ses protagonistes, ou plutôt de l’un de ses protagonistes, le toujours luxuriant Sulli, cadet tardif d’une famille réputée et faux cancre condamné à l’excellence par un nom qui ne souffre pas les éclaboussures. Comme lui, le film ploie sous un ADN trop lourd à porter, et comme lui, il privilégie les chemins de traverse aux voies royales pour sauver les meubles de papa, titan de l’animation moderne et confident de la stratosphère aussi inaccessible que le prix de ses droits de succession.
Le dos au mur porteur érigé par un autre, Scanlon s’évite donc un destin de rentier incompétent à la force des gags, et entretient sa forme (pour qu’on ne lui soulève pas le fond) en quelques étapes plutôt judicieuses : tout d’abord, la chose assume sa tronche de produit dérivé, joue de la paupière avec son public sans l’inonder de fan-service, et n’hésite pas à jouer la carte kawaï (sans pomper les lapins crétins comme les minions de Moi, Moche et méchant) en faisant du tout jeune et pourtant dégoûtant Bob Razowski (personnage principal du film et star de son préambule) l’équivalent gonadique d’un chaton Youtube. Oui, vous ne pensiez pas vouloir un jour adopter un œil parlant, mais dans quelques semaines, vous écumerez les animaleries extra-terrestres pour en trouver un. Croyez-nous.
Ensuite, fondamentalement handicapé par le brio conceptuel du premier opus, le film se repose intelligemment sur la science comique de Pixar pour jouer dans la cour des grands sans en être un. Résolument potache, mais toujours virtuose et appliqué, ce college movie bas de la tentacule n’invente rien et le fait pourtant mieux que les autres, réussissant en quelques scènes (la poursuite d’un cochon à travers le campus, l’infiltration d’une bibliothèque), quelques personnages (les merveilleux bras cassés de la fraternité Oozma Kappa) quelques œillades pop (les pastiches de films d’horreur) et quelques vannes sciemment déviantes, là où toutes les franchises Dreamworks se sont pris les plans dans leur propre opportunisme paresseux.
Et s’il ne parvient jamais, comme la plupart de ses cousins filmographiques, à nous percuter les tripes au détour d’une parabole universelle, ce Monstres Academy esquive pourtant les clichés-lasers qui réveillent habituellement nos alarmes critiques en présence d’un tel objet. Assez honnête pour ne pas camoufler les passages obligés du genre (le triomphe général de la tolérance, de l’underdog et du team-spirit) sous des twists de seconde zone, et assez fidèle à l’esprit de la maison pour ne pas se vautrer dans un manichéisme malvenu, la clique de Scanlon cantonne les ennemis désignés au second-plan, pousse ses deux personnages (ici rivaux aux destins contrariés) à s’entre-ausculter les failles pour mieux se comprendre, leur agrafe une biographie potentielle évidemment naïve mais joliment ambiguë, et se permet même un not-so-happy ending qui fera au moins cogiter les 6-10 ans. Ce n’est pas une grande cuvée, cher Pixar, mais celui-là (par ailleurs assez beau sans être ultra-neuf), vous pourrez au moins le regarder dans l’œil.
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roger w 16 juillet 2013
Monstres Academy - la critique
Pas beaucoup d’imagination pour ce second volet qui sent fort l’opportunisme. On ne retrouve jamais le frisson du premier volet, mais il faut bien avouer que notre amour des personnages permet de passer un agréable moment en leur compagnie. Mais l’histoire est bof et les gags peu efficaces.