Adieu monsieur le professeur !
Le 28 mai 2014
Partout où il passe, "Monsieur Lazhar" subjugue son auditoire. Pourtant, malgré l’immense Mohamed Fellag, cette œuvre gentillette brasse trop large pour totalement convaincre un public plus cinéphile...
- Réalisateur : Philippe Falardeau
- Acteurs : Mohamed Fellag, Sophie Nélisse, Émilien Néron
- Genre : Comédie
- Nationalité : Canadien
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 5 septembre 2012
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Résumé : Bachir Lazhar, un Algérien de 50 ans, apprend dans le Journal de Montréal qu’une institutrice de sixième année s’est pendue dans sa classe, le soir après les cours. Il va offrir ses services de remplaçant à la directrice de l’école. Il dit avoir a été instituteur à Alger, et il est disponible sur le champ. Bachir fait alors la rencontre d’un groupe d’enfants ébranlés, mais attachants. Le fossé apparaît dès le premier jour alors que Bachir leur propose une dictée hors de leur portée, tirée de Honoré de Balzac. Personnage énigmatique qui pénètre dans un monde de femmes et de réformes pédagogiques, Bachir s’attache peu à peu à Alice et Simon, deux élèves qui se démarquent par leur charisme et qui portent leur lot de culpabilité quant à la mort de leur professeur. Quant à Bachir, personne à l’école ne connaît sa vie algérienne. On ne se doute pas qu’il risque l’expulsion du pays à tout moment ?
Notre avis : Approximativement un semestre après la Belgique, la sortie programmée dans l’Hexagone de Monsieur Lazhar coïncide avec la rentrée sur les bancs de l’école. Mieux vaut tard que jamais, d’autant plus que la date choisie dans le calendrier apparaissait comme la plus pertinente pour un film traitant directement de problèmes liés à l’éducation "nationale". Enfin, façon de parler (à l’instar de la discussion introductive dans la cour de récré) puisque l’action se déroulant au Québec n’empêche pas le propos de revêtir une portée universelle. Effectivement, les difficultés rencontrées par notre "Monsieur Lazhar" font écho à celles qui émaillent le quotidien de la majorité des enseignants transmettant leur savoir depuis leur classe ; indépendamment du fait que celle-ci soit située dans une bourgade du Sénégal ou en périphérie de la région parisienne. Avant tout, elles émanent du souci de devoir se focaliser presque exclusivement sur la matière à inculquer (conformément au programme), et ceci au détriment de l’éducation de plus en plus défaillante auprès du jeune public à affronter. Là où tout devient problématique est que de nos jours "l’enfant roi" jouit de droits comme celui qui interdit le corps professoral de toucher les élèves sous quelque forme que ce soit. Justement, Philippe Falardeau débute sa fiction à partir de ce principe bafoué par la maîtresse principale d’une classe de sixième et dont dépend probablement le suicide (du moins on le suppose). Il permet à Bachir Lazhar d’entrer en scène et d’utiliser des mots capables de libérer des maux, malgré la tâche première de sa mission qui consiste d’abord à transmettre des connaissances... Comme pour Congorama, Falardeau montre sa patrie à travers le regard d’un allochtone. On sent une nostalgie indéniable pour l’école d’antan, entre autres axée sur l’apprentissage de fables ou de passages de grands romans que bien évidemment Mohamed Fellag honore par son merveilleux phrasé. Si Monsieur Lazhar peut s’appuyer sur le talent indéniable de l’artiste algérien qui lui prête ses traits, cela ne suffit pas à marquer durablement les esprits. La faute à un récit s’amenuisant à ratisser large en soulevant de trop nombreuses problématiques : la place de l’école d’aujourd’hui, le deuil, l’exutoire, l’exil... On tient là le parfait film de festival qui devrait plaire au plus grand nombre...
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