Jolie singularité
Le 15 avril 2009
Une chronique polyphonique viscéralement cruelle et subtilement délicate. Troublante découverte.
- Réalisateur : Miranda July
- Acteurs : John Hawkes, Brad William Henke
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Festival : Festival de Cannes 2005
– Durée : 1h30mn
– Titre original : Me and you and everyone we know
Une chronique polyphonique viscéralement cruelle et subtilement délicate. Troublante découverte.
L’argument : Christine Jesperson, une jeune artiste touchante et spontanée, mélange dans son quotidien art et réalité. Elle entre sur la pointe des pieds dans la vie de Richard, vendeur de chaussures, père de deux garçons et tout juste redevenu célibataire. Autour d’eux, Robby et Peter, les enfants de Richard, son ex-femme, la patronne d’une galerie d’art, les voisins et les voisines. Tous sont à la recherche d’un lien qui les connecte aux autres sur terre...
Notre avis : Actuellement, au cinéma, c’est la mode du film chorale avec des hommes et des femmes perdus dans le tumulte de la vie, qui s’aiment, se détestent, se loupent. Dans les récents films du genre, Moi, toi et tous les autres s’impose comme le haut du panier tant il se distingue par son originalité et enchâsse habilement les sous-intrigues pour révéler le mal-être affectif et sexuel de gens a priori ancrés dans les normes. Ce qui aurait dû être un lourd programme sur le papier se révèle vite une bonne surprise à l’écran : la réalisatrice et actrice Miranda July fuit les débordements lacrymaux, les raccourcis psy et autres facilités pour faire montre d’empathie discrète et imposer ainsi un ton suprêmement personnel. Elle prête une attention particulière aux moindres détails chez des personnages en proie à des sentiments étranges (l’amour, le désir, la tristesse) qu’ils ne savent pas communiquer.
A l’aune de Lantana dans lequel les apparences trompeuses révélaient les meurtrissures d’individus tracassés par les aléas de l’existence, le film, complexe et profond, s’attache à une kyrielle de personnages en ayant le bon goût de former une histoire très cohérente. Accessoirement, à la manière d’un Todd Solondz, Miranda July désamorce les tabous pour peindre une Amérique provocante en apparence et pourtant engluée dans son puritanisme. La bande-son de Michael Andrews (Donnie Darko) met subtilement en valeur l’atmosphère étrange qui parcourt cet édifice attachant et iconoclaste.
Le DVD
Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Tous les bonus apportent leur touche d’intérêt dans cette éditions collector. Dans un entretien qui lui est consacré, Miranda July évoque avec malice sa façon de travail (partir des petites choses relevées au jour le jour), son rapport à la créativité, son angoisse de voir le public décrocher de son film, diriger des enfants, etc. "L’une des choses que j’ai comprise, c’est qu’il est très dur de créer un film à partir de l’inconnu et de préserver une part d’inconnu dans le film", dit-elle avec beaucoup d’honnêteté. Les acteurs aussi reviennent sur cette expérience banale sur le papier mais exceptionnelle à vivre selon eux. Un court métrage intitulé Haysha Royko, moins intéressant, est aussi disponible. Mais on s’arrêtera définitivement sur Swan tool, une mise en abyme de notre société orchestrée par Miranda July elle-même avec l’aide d’un projecteur vidéo.
Image & son : Très beau master comme c’est souvent le cas chez MK2 éditions. En dépit du côté indépendant du film, l’image affiche une belle santé formelle avec une saturation des couleurs conforme à la réalité du quotidien. Cette teinte neutre ajoute tout son charme à ce film délicat, tout en nuances. Le Dolby Digital 5.1 (piste anglaise uniquement) met naturellement en avant les dialogue de Miranda July avec un excellent relief par rapport aux différents canaux.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
cgaillardot 7 octobre 2005
Moi, toi et tous les autres - la critique + test DVD
Un film léger, accompagné d’une belle bande son qui se laisse regarder sans aucune lenteur avec des moments d’humour puis de tendresse.
Il y a plein de messages mais qui passent très bien sur la difficuluté de trouver l’âme soeur, l’incompréhension entre les personnes, la virtualité des relations par internet et leur danger, l’absence d’amour parfois,...
Un très bon moment.