Teen spirit
Le 30 mai 2006
Une mise en boîte gratinée de l’élite de l’université américaine.
- Auteur : Tom Wolfe
- Editeur : Robert Laffont
- Genre : Roman & fiction
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Tom Wolfe met en boîte le gratin de l’université américaine. Etudiants glandeurs, profs imbus et opportunistes, sportifs écervelés... Le tableau qu’il en dresse ne ressemble en rien à celui d’une élite.
Lorsque l’on choisit de traiter un thème pas forcément très original, il faut savoir faire la différence. Le mythique Tom Wolfe, toujours très critique vis-à-vis de la société américaine, parvient à se démarquer des romans habituels sur la jeunesse dorée des universités, grâce à son style, son sens de l’observation et une rigueur microcospique. Avec le personnage de Charlotte Simmons, il frotte l’incarnation de la vertu à celle du vice et du péché, à savoir l’université américaine.
Elève modèle issue d’une famille modeste, Charlotte a grandi dans le Sud des États-Unis. Elle traîne ses états d’âme avec autant de discrétion que son accent, et place ses espoirs dans l’université où elle est admise, la très renommée Dupont. Rapidement, elle va prendre conscience que le quotidien estudiantin se résume au sexe et aux beuveries. Les douches sont mixtes, les soirées sont alcoolisées, le langage est cru. Lâchée au milieu d’une meute de renards, l’oie blanche va se faire dévorer toute crue. Dans le rôle des prédateurs, les "sportifs étudiants" (noirs de préférence) remportent largement la palme. Mais ceux qui ne parviennent pas à baiser leurs semblables n’aspirent qu’à une chose : baiser leurs semblables...
Wolfe remplit parfaitement le rôle de l’écrivain réac en brossant un tableau d’étudiants écervelés censés incarner une élite politiquement correcte en laquelle un pays place ses motifs de fierté. Il s’agit là d’un modèle de roman initiatique (les références à la littérature française sont nombreuses, à commencer par les Illusions perdues), miroir d’une génération décadente hypnotisée par les images, l’apparence, le rap et les consoles de jeu. Wolfe ne se noie jamais dans des considérations purement manichéennes mais tente plutôt de pointer le décalage entre deux façons d’appréhender l’entrée dans l’âge adulte. Et finalement, on se demande s’il ne s’agit pas simplement d’observer une jeunesse qui évolue en fonction de principes érigés par ses aînés, au sein desquels on trouverait un écrivain qui, fatalement, vieillit...
Tom Wolfe, Moi, Charlotte Simmons (I Am Charlotte Simmons, traduit de l’anglais par Bernard Cohen), éd. Robert Laffont, 2006, 651 pages, 24 €
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