Chatons dans un carton
Le 17 octobre 2011
Accompagnant les pérégrinations d’une mère à la recherche de son fils dans un paysage automnal ce film au lyrisme vibrant mais dénué d’emphase, produit par Naomi Kawase, est une des belles révélations du programme Kansai, l’autre cinéma japonais de la MCJP.
- Réalisateur : Zhao Ye
- Acteurs : Kaori Momoi, Setsuko Dodo, Shigeki Uda
- Genre : Drame
- Nationalité : Japonais
- Durée : 1h00mn
- Titre original : 光男の栗 - mitsuo no kuri
- Plus d'informations : http://www.mcjp.fr/francais/cinema/...
- Festival : Kansai : l’autre cinéma japonais
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Accompagnant les pérégrinations d’une mère à la recherche de son fils dans un paysage automnal ce film au lyrisme vibrant mais dénué d’emphase, produit par Naomi Kawase, est une des belles révélations du programme Kansai, l’autre cinéma japonais de la MCJP.
L’argument : Une Tokyoïte se rend à Nara dans le but de retrouver son fils disparu, avec comme seul indice les photos enregistrées dans l’appareil photo que celui-ci lui a laissé. Retraçant le chemin qu’il a parcouru, elle découvre ses amis, Nara et sa nature grandiose, mais aussi les sentiments profonds d’un fils à l’égard de sa mère.
Notre avis : Comme le très beau Bion de Toyoko Yamasaki, avec lequel il est généralement couplé, ce film d’une heure, écrit et réalisé par le cinéaste chinois Zhao Ye avec une équipe entièrement japonaise, a été produit par Naomi Kawase pour le Nara International Film Festival dans le cadre du projet NARAtive. Tournage ultra léger avec une caméra digitale en totale empathie avec des acteurs-personnages accompagnés de très près, attention aux gestes quotidiens insignifiants et saisissante captation atmosphérique, froideur apparente qui feint de retenir la charge émotionnelle pour mieux la faire éclater : la proximité avec le cinéma de la réalisatrice de Shara, soulignée par la présence, dans son propre rôle, de Shigeki Uda, le vieil homme de La forêt de Mogari, est évidente. Pourtant Last Chestnuts, dans sa sobriété réfractaire au mysticisme panthéiste qui pointe parfois le nez chez Kawase, parvient à trouver un ton propre.
Les pérégrinations de l’héroïne désemparée, à la recherche des traces de ce fils dont on se doute bien vite qu’il est mort, se déroulent dans un paysage automnal dont le film évite de magnifier trop ostensiblement la beauté, bien perceptible pourtant, pour en souligner plutôt le côté inhospitalier, communiquant une sensation de raréfaction de l’air dans lequel résonnent les bruits du vent, d’une rivière, de voitures sur la route.
- 光男の栗
Plus que par l’habile suspense qu’installe un scénario n’évitant pas certains effets mélodramatiques trop attendus (les révélations successives par vidéo ou téléphone interposés) le film captive par son refus de céder au sentimentalisme qui menace de le submerger à plusieurs reprises, par le côté têtu et pragmatique de sa protagoniste (l’actrice Kaori Momoi est étonnante) et par un discret sens de l’incongru, voire du comique, qui lui donne une vraie respiration, une légèreté synonyme de justesse : l’héroïne surprise en train de dévorer le gâteau trouvé, en même temps que des chatons, dans le carton déposé furtivement par une jeune cycliste devant la maison du vieil homme ; la voiture garée trop près du bord de la route, empêchant le conducteur de sortir ; la scène du ballon de base-ball renvoyé, au deuxième essai, par dessus le grillage.
Film du deuil au lyrisme vibrant mais dénué d’emphase, mitsuo no kuri ne prône pas la consolation mais célèbre une espèce de participation, de solidarité affective dans une scène finale très émouvante où deux femmes ramassent les châtaignes qui donnent leur titre au film. Zhao Ye est assurément un cinéaste à suivre.
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