Metello - La critique + Le test DVD

La reconstitution méticuleuse de la Florence de 1900 et la splendeur picturale de la photo menacent plus d’une fois de figer cette remarquable adaptation du roman de Vasco Pratolini.

L’argument : À Florence, à la fin du XIXe siècle, Metello, un jeune ouvrier, se bat pour échapper à la pauvreté qui a tué prématurément ses parents. Pour parvenir à ses fins, tout en s’opposant aux patrons, il n’hésite pas à jouer de son physique avantageux auprès des dames...

Notre avis : Ecrit en 1952 et publié en 1955, le roman Metello de Vasco Pratolini (Cronaca familiare) est le premier volet d’une trilogie florentine intitulée Una storia italiana qui, au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, cherchait à éclairer le présent de la toute jeune république italienne en explorant l’histoire récente du pays, et plus particulièrement celle de ses luttes sociales entre 1880 et 1945.
Le personnage central du roman, le maçon Metello Salani, est un homme ordinaire, un anti-héros, qui, bien décidé pourtant à ne pas suivre la voie de son père anarchiste ayant passé une bonne partie de sa vie en prison, se retrouve presque malgré lui en première ligne de la grève générale de 1902 qui constitue, sur une centaine de pages, le point d’orgue du livre.
Le film que Bolognini tira de l’ouvrage en 1969 (avec la complicité de Luigi Bazzoni, Suso Cecchi d’Amico et Ugo Pirro au scénario) s’inscrit dans une longue série d’adaptations littéraires de prestige dont le cinéaste s’était fait une spécialité depuis Il bell’Antonio.
Généralement bien accueilli et même consacré meilleur film de l’année par un David de Donatello, Metello impressionne par le soin maniaque apporté à la reconstitution de la Florence des années 1900 et la superbe photo d’Ennio Guarnieri. Celle-ci s’inspire aussi bien des Macchiaioli, les impressionnistes italiens, que de la peinture engagée d’un Giuseppe Pellizza da Volpedo (Il quarto stato, 1901, ci-contre), mais tend à anesthésier quelque peu la force du propos par un souci du pittoresque qui rend même la misère photogénique. L’usage de la postsynchronisation et la présence envahissante de la musique d’Ennio Morricone renforcent ce sentiment de bel objet qui se suffit à lui-même.
Certaines séquences pourtant ne manquent pas d’ampleur épique (celle de la grève générale, moins développée que dans le roman néanmoins) et les acteurs, remarquables, permettent aux personnages, surtout féminins, d’acquérir un relief véritable et de faire respirer le film en bousculant un peu son esthétisme figé.
Ottavia Piccolo, prix d’interprétation à Cannes, émeut en jeune épouse fragile et déterminée, mais Tina Aumont, en bourgeoise nymphomane et écervelée est également étonnante et la grande Lucia Bosè, revenue au cinéma peu de temps avant, fait de Viola, l’initiatrice, la femme mûre et libre, une figure inoubliable.
Quant à Massimo Ranieri, déjà célèbre comme chanteur, il débutait au cinéma dans le rôle titre, doublé par Rodolfo Baldini en raison de son accent napolitain. Sa jeunesse (18 ans) et sa beauté insolente lui confèrent un indéniable magnétisme. La fructueuse collaboration entre l’acteur et le cinéaste se poursuivra avec Bubù (1970) et Chronique d’un homicide - Imputazione di omicidio per uno studente (1971).

Le DVD

Une excellente édition DVD de Metello est disponible à partir du 17 août 2011 dans la collection Les maîtres italiens de M6video.

Les suppléments

Dans un passionnant documentaire la scénariste Suso Cecchi d’Amico (1914 - 2010) s’entretient longuement (1h20mn) avec le cinéaste Carlo Lizzani (réalisateur entre autre de Cronache di poveri amanti d’après Pratolini en 1953) et fait revivre à coup d’anecdotes vives et éclairantes plusieurs décennies de cinéma italien. Elle évoque surtout son intense collaboration avec Visconti, de La carrozza del Santissimo Sacramento (1945, non tourné) à ( L’innocente (1976), en passant par la fameuse adaptation de Proust que le cinéaste ne parvint pas à réaliser. Un témoignage exceptionnel.

Image

Elle est très belle, la magnifique restauration et l’excellent report rendant parfaitement justice au travail exceptionnel du grand chef opérateur Ennio Guarnieri.

Son

Une piste mono plutôt propre mais légèrement saturée assure cependant un bon confort d’écoute et favorise la musique d’Ennio Morricone.