La tristesse est inhabitable
Le 12 avril 2012
Douceur insoutenable et beauté triste. Cette poignante histoire d’amour entre deux frères dans une Florence automnale est le chef-d’œuvre de Valerio Zurlini.
- Réalisateur : Valerio Zurlini
- Acteurs : Marcello Mastroianni, Jacques Perrin, Salvo Randone, Sylvie, Valeria Ciangottini, Serena Vergano
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Italien
- Durée : 1h55mn
- Reprise: 25 octobre 2006
- Titre original : Cronaca familiare
- Date de sortie : 20 novembre 1963
- Festival : Festival de Venise 1962
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Résumé : Rome 1945. Enrico, journaliste, reçoit un appel téléphonique en provenance de Florence lui annonçant la mort de son frère. Séparés par la mort de leur mère, ils se s’étaient retrouvés de loin en loin à l’âge adulte. Enrico se remémore les étapes de cette relation douloureuse.
Critique : En 1962, le quatrième long-métrage de Valerio Zurlini, adapté du roman homonyme de Vasco Pratolini (1947), obtenait le Lion d’Or du Festival de Venise « pour l’exquise force évocatrice de sentiments filtrés par la mémoire ».
C’est en effet sous forme d’un retour en arrière que le récit fait évoquer à Enrico (Marcello Mastroianni) le souvenir de son jeune frère Dino, alias Lorenzo (Jacques Perrin), dont tout le séparait et auquel le liait pourtant une affection indéfectible. Le grand frère tentant vainement de soutenir le plus jeune qu’une enfance protégée n’a pas armé pour affronter la dureté de l’existence.
La charge émotionnelle du sujet est extrêmement puissante. Mais l’émotion que suscite le film est d’autant plus forte que tout semble fait pour la contenir, Zurlini maintenant l’ensemble sur le registre d’une douceur presque insoutenable.
Les acteurs sont astreints à un jeu retenu, qui ne rend leurs personnages que plus présents et bouleversants, l’immense Mastroianni étant évidemment imbattable sur le terrain du « moins j’en fais, plus je crève l’écran ». Mais Jacques Perrin et Sylvie (et tous les autres) sont également formidables.
La photo de Giuseppe Rotunno nous plonge dans la lumière froide d’une Florence automnale aux couleurs rappelant les toiles de Rosai ou de Morandi (jaunes pâles ou verts sombres jamais vus ailleurs au cinéma) , et installe une tristesse qui restera présente du début à la fin.
Les irruptions, parcimonieusement dosées, de la musique de Goffredo Petrassi, refusent totalement la facilité mélodique et n’en sont que plus poignantes.
C’est donc au prix d’une sophistication extrême que l’art maniériste de Zurlini débouche sur une apparence de totale simplicité et d’évidence, produisant ce qui restera sans doute son plus poignant chef-d’œuvre.
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