Éducation sentimentale
Le 18 mars 2021
À travers l’histoire d’un amour impossible, le sombre portrait de l’Italie des années 60.
- Réalisateur : Valerio Zurlini
- Acteurs : Claudia Cardinale, Gian Maria Volonté, Romolo Valli, Jacques Perrin, Luciana Angiolillo, Riccardo Garrone, Renato Baldini, Corrado Pani
- Genre : Drame
- Nationalité : Italien
- Distributeur : Les Films du Camélia , Compagnie Française de Distribution Cinématographique (CFDC)
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Durée : 2h01mn
- Date télé : 24 juillet 2024 22:45
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 13 janvier 2021
- Titre original : La ragazza con la valigia
- Date de sortie : 11 mai 1962
- Festival : Festival de Cannes 1961
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Résumé : La belle Aida, chanteuse de night-club aspirant à la gloire, se laisse embobiner par Marcello qui se fait passer pour un impresario puis la plaque. Pour s’en débarrasser définitivement, il envoie son très jeune frère, Lorenzo, en mission auprès d’elle. Le garçon est subjugué.
Critique : C’était au temps où le cinéma italien nous envoyait quelques bombes à travers la figure. La dolce vita de Fellini, L’avventura d’Antonioni, Rocco et ses frères de Visconti : tout ça sortait la même année, 1960. La concurrence était rude. Pas étonnant dans ces conditions que, quarante-cinq ans plus tard, notre mémoire fasse l’impasse sur d’autres films transalpins. Films un ton en dessous peut-être, mais films de grande qualité quand même. D’où le coup de chapeau à l’heureuse idée de ressortir cette Fille à la valise, second opus d’un cinéaste tôt disparu, sans avoir eu le temps de réellement construire une œuvre.
Le premier mérite de La fille à la valise, c’est sa distribution avec son couple star aujourd’hui, mais totalement inconnu alors. La Cardinale, libre, spontanée et pétante de santé, dans les bras d’un jeune bourgeois imberbe et fasciné incarné par Jacques Perrin, avouez que ça a de la gueule. Les deux d’ailleurs y ont gagné leurs galons de vedettes. Le second mérite de ce film, c’est qu’il nous plonge dans un monde disparu, une Italie des sixties où les filles portent jupes et jupons à la BB et où Mina chante Tintarella di luna, scie de l’été 60 sur les plages de l’Adriatique où se retrouvent les deux amants dont l’aventure amoureuse ne fera pas long feu, ça crève les yeux. Et même si Lorenzo veut y croire, sa famille liguée le fera, au bout du compte, retourner au bercail.
Loin de toute douceur, cette éducation sentimentale n’est qu’une somme d’amertume et de désespoir. L’histoire vouée à l’échec se termine par un geste que Lorenzo veut amical mais qui est d’un cynisme achevé : il quitte Aida en lui donnant de l’argent. Bourgeois il est, bourgeois il restera, indécrottable. Les barrières entre les classes sociales sont infranchissables. Alors où est la victime ? Qui est le plus à plaindre ? Quelques années plus tard, les jeunes bourgeois italiens se mettront à poser des bombes. En amont de la tragédie des années de plomb, ce film - finalement plus politique que sentimental - nous met avec une singulière force en face de la société du miracle économique, figée entre fric, religion, conformisme et hypocrisie, qui produira la terrible révolte à venir. Une explosion qui paraît rétrospectivement inéluctable.
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