Le 2 décembre 2016
Swift Guad marque une pause dans son évolution trap pour s’essayer aux productions de l’inarrêtable Mani Deïz. Dommage, le tableau est terni par l’écriture du premier, pas toujours en accord avec les instrus du second.
- Date de sortie : 25 novembre 2016
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Notre avis : L’annonce d’un projet entre Swift Guad et Mani Deïz avait de quoi faire trépigner d’impatience... Non pas que l’orientation du rappeur de Montreuil vers un hip hop plus « moderne » nous déplaise, bien que les ratés aient été nombreux, on se souvient de la belle réussite de La Chute des Corps en 2014 (à part quelques phases dégueulasses, merci le vocodeur baveux...), dont ressortait une sacrée capacité de la part du narvalo à poser sur tout et n’importe quel style, de rapper, et de chanter (mais ça on le savait déjà depuis Hécatombe 2.0). Seulement, juste l’idée de réentendre ce flow cancérigène, unique dans le rap français, sur des beats plus bruts, moins sophistiqués, sous-entendait sur le papier de revenir vers les deux plus grandes réussites de l’artiste, ses deux volets d’Hécatombe, voire d’aller taper dans un hip hop encore plus lointain et inconnu pour Swift, Mani Deïz continuant le prolongement de son univers minimaliste des années 90. Avec Masterpiece, pas ou peu de surprises en terme d’instru, si ce n’est une maîtrise grandissante de la part du producteur, multipliant les collaborations avec des rappeurs aussi différents que passionnants à suivre.
Dès lors, un problème vient noircir la musicalité de l’album. Non pas sur toute la longueur, mais le flow de Swift Guad ne s’adapte pas avec le boom bap de Mani, ou, en tout cas, manque de profondeur et de puissance, un comble pour le MC. Le chat crevé dans la gorge s’entend, mais paraît un peu fade, pas assez appuyé. Forcément plus posé et restreint dans les variations vocales par rapport aux autres projets du rappeur, bien plus éclectiques, Masterpiece galère à emporter l’auditeur, surtout dans sa première partie, d’une triste vacuité lyricale. De la punchline pour de la punchline, une cohérence inexistante, on se demande où sont passées les qualités de conteur du narvalo. Pour les entrevoir à nouveau, il faut s’efforcer de passer les 5 premiers morceaux (bien que Jardin des Peines introduise d’une belle manière l’album). Alors le projet se rapproche de ce que son titre promettait.
Inaugurée par Ma Gueule, l’excellent featuring avec Davodka, la seconde moitié de Masterpiece vivifie un ensemble en pilotage trop automatique. Preuve que l’argument du sale ne justifie pas celui de l’absence de thématique, Swift Guad amène son flow à poser calmement ses rimes toujours portées sur de la punchline mais délimitées par un sujet bien tenu par son compositeur. Plus captivant sans changer cette sensation d’écouter la bête trapue tapie dans l’ombre, presque mourante, mais moins éteinte par rapport aux premiers morceaux, l’album condense la patte de Swift avec sa capacité à nous attraper par le col et nous attirer dans une ambiance mortifère et glauque, avec en point d’orgue Cauchemars & Rêves, le meilleur featuring de l’album (bah oui, devant celui de Davodka, mais de très peu). De cette atmosphère s’extrait une violence lorgnant du côté de l’horrorcore, lorsqu’il s’agit d’évoquer la chute du rap dans le génial mais légèrement hypocrite Testament (Swift Guad serait-il vraiment devenu Schizophrène ?) ainsi que dans Gunz and Roses, ou les 1001 façons d’assassiner sa compagne, sommet du crade concluant Masterpiece (on fait exception de l’outro) par un sujet indissociable du rappeur tant il l’entretient depuis Hécatombe, et l’a entretenu tout au long de cet album par ces punchlines percutantes et cisaillées, mais pas toujours pertinentes. Un peu trop facile.
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