Notre avis : Si l’adjectif « majeur » est aujourd’hui évident pour parler du cinéaste, ce dernier a longtemps souffert d’une absence de considération, puisqu’il était réalisateur de films bis italiens, loin des Visconti et autres Fellini.
Pourtant, de même que ses homologues, il constitue une figure de proue du cinéma italien, puisqu’il est le fondateur du giallo, un genre, qui encore aujourd’hui, inspire beaucoup de cinéastes, comme par exemple Yann Gonzales avec son dernier film Un couteau dans le cœur.
Si le nom de Bava évoque instinctivement le giallo, il ne faudrait pourtant pas le réduire à ce genre, puisque son œuvre est en réalité beaucoup plus riche et vaste. Avec cet ouvrage, les deux auteurs se proposent de cartographier sa production, en mettant à l’honneur des motifs récurrents qu’ils vont analyser, comme son traitement des corps, des visages, ou encore la musique et son travail du son. Si ces thématique sont traitées, c’est qu’elles sont centrales dans le travail du réalisateur et participent au renouveau du cinéma italien de l’époque. Plus crus, plus violents, mais aussi plus sensuels, les films de Bava jouent sur le plaisir presque malsain du spectateur, son goût pour la transgression, pour l’interdit. Si les films de Bava montrent la violence de façon âpre, frontale, celle-ci n’en reste pas moins extrêmement stylisée notamment grâce à son travail sur les sons, la musique, mais aussi les couleurs parfois criardes. L’attention de Bava, davantage que sur le scénario, se porte en réalité sur la réalisation, la mise en scène. Si cela n’a rien d’étonnant, c’est que Bava a commencé par la peinture avant de se tourner vers le cinéma. Alors certes, il surtout connu comme réalisateur, mais il s’agit en réalité d’un vrai touche-à-tout, puisqu’il a aussi été chef opérateur sur les films de Rossellini ou encore ceux de Dino Risi.
Avec cet ouvrage, Duchaussoy et Vandestichele participent à la réhabilitation des films de genre parfois décriés, alors qu’ils sont en réalité des sources d’inspiration pour bon nombre de cinéastes comme De Palma, Argento, Cuaron ou encore Nicolas Winding Refn. En outre, c’est un livre qui ravira les amoureux du cinéma bis comme les néophytes qui, une fois la lecture terminée, n’auront qu’une envie : se plonger dans l’univers de Mario Bava et plus généralement du cinéma de genre.