Le 2 juin 2020
Duvivier s’empare du huis clos pour proposer une vision noire de l’humanité, soutenu par des comédiens extraordinaires.
- Réalisateur : Julien Duvivier
- Acteurs : Danielle Darrieux, Serge Reggiani, Bernard Blier, Robert Dalban, Paul Meurisse, Paul Frankeur, Daniel Ivernel, Jeanne Fusier-Gir, Noël Roquevert, Paul Guers
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Editeur vidéo : Pathé Vidéo
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 2 février 2024 23:31
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Date de sortie : 24 avril 1959
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Résumé : Durant l’Occupation, un homme a trahi un réseau, provoquant l’exécution du chef. Un groupe de personnes est réuni pour démasquer le traître.
Critique : Marie-Octobre n’a pas très bonne presse, sa réputation n’ayant jamais, au contraire d’autres films de Duvivier, été redorée. On voit bien pourquoi : les quelques maladresses qui l’émaillent, comme l’utilisation en ponctuation dramatique de la musique, ou le procédé du huis-clos avec suspects alternatifs, l’ont souvent fait classer paresseusement dans la catégorie des œuvres poussiéreuses, prétextes à défilé de dialogues et de numéros d’acteurs.
Et pourtant, quel bonheur que cette heure et demie implacable, menée de main de maître aussi bien par une intrigue millimétrée que par la mise en scène au cordeau : le réalisateur excelle à jouer de la profondeur de champ comme de la scénographie pour dynamiser ce qui n’est jamais qu’une série de dialogues, le flash-back étant banni. Jonglant entre les effets de groupe et les gros plans, les amorces et les écrasements par le décor, il fait de chaque séquence une sorte de défi brillant, qui échappe pourtant à la gratuité. Certes, on a parfois l’impression que cette belle mécanique tourne à vide, prisonnière d’un scénario à l’évidence répétitif. Mais c’est oublier, ou ne pas voir, à quel point Marie-Octobre, par-delà l’anecdote, appartient à un ensemble cohérent : comme pour les meilleurs de ses films, il traduit une vision pessimiste de l’homme, fondée sur le caché, le dissimulé, l’idée majeure que tout le monde a des secrets inavouables. Il y a bien un coupable, mais au fond tous le sont à un moment ou à un autre ; tous mentent ou on menti. Et la conclusion, sèche, en même temps qu’elle résout l’énigme, laisse le goût amer de ceux qui ont appris à se connaître.
- Copyright Pathé
Évidemment, les dialogues de Jeanson sont un régal, tant l’écriture sobre et pointue ne cesse d’ouvrir des gouffres ; c’est presque à chaque répartie qu’un coup nouveau est porté : vols, compromissions, sentiments cachés, tout y passe et rien n’est reluisant. Pourtant le bon mot est rare, pas ou peu de maximes inventées pour l’occasion. On est dans de la mécanique de précision, pas dans la démonstration appuyée.
- Copyright Pathé
Mais au fond, ce qui nous réjouit tout au long du film, et même après plusieurs visions et donc le nom du meurtrier, c’est la brochette d’acteurs inouïe : de l’élégance de Paul Meurisse au détachement de Danielle Darrieux, de la bonhomie de Paul Frankeur à la raideur de Noël Roquevert, c’est un festival de jeu d’un niveau impérial. On n’en finit pas de remarquer un regard, un geste ou une intonation et le miracle, c’est qu’il n’y a ni cabotinage ni volonté de tirer la couverture à soi, et la direction de Duvivier y est sans doute pour beaucoup. À Ce titre, Marie-Octobre reste un témoignage précieux de l’extraordinaire talent de comédiens, vedettes ou seconds rôles, qui faisaient le sel d’une certaine époque.
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Les suppléments :
Bien qu’un peu court, le documentaire autour du film, qui fait intervenir des spécialistes et des entretiens d’époque, est riche d’informations et d’analyses, sur la genèse, le tournage ou la carrière de Duvivier (17 minutes). La bande-annonce d’époque complète ce bonus.
L’image :
La restauration 2K a fait merveille : les nuances du noir et blanc, les contrastes, la définition, l’impeccable définition rendent justice au beau travail du chef-opérateur.
Le son :
Malgré quelques très légers chuintements, les dialogues sont d’une belle présence et d’une intelligibilité parfaite ; la musique sonne également sans faille ni défaut.
– Sortie Blu-ray : 7 décembre 2016
Galerie photos
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