Le 27 janvier 2014
- Festival : Festival Angoulême 2014
Angoulême, Angoulême, c’est bon, c’est bon...
Mon cher Didier, permets-moi de te tutoyer même si, à mon grand désarroi nous ne nous connaissons pas encore. Cher Didier, donc, Doudou, mon Doudinounet, j’ai envie de te prendre dans mes bras, de te faire de gros câlins et des bisous tant ta mine boudeuse a fait fondre mon cœur de guimauve.
J’ai lu ta lettre, mon roudoudou, j’avais le droit, elle était ouverte. Que de chagrin que tu nous racontes là, vraiment on sent bien que ton monde s’écroule sous tes pieds. Mais tu sais, ce n’est pas parce que tu ne t’entends pas avec tes petits camarades à la récré que tu dois en appeler aux plus hautes instances dirigeantes juste après Dieu !
Non mais sérieusement, mon lapin, tu ne crois pas qu’elle a un peu d’autres chats à fouetter, Aurélie ? Je ne sais pas des trucs comme la compétitivité des libraires ? La condition des artistes ? Le basculement vers le numérique ? Ou d’autres détails comme la crise en France ou la nouvelle meuf de François ? Je ne voudrais pas te décevoir, Did’, mais je crois que notre ministre s’en tamponne les ovaires avec véhémence de ta lettre ou, dans le contraire, ce serait vraiment inquiétant.
D’abord, qu’est-ce qu’elle est longue, ta lettre. Et barbante, en plus. Il m’a fallu 2 heures et 5 cafés pour arriver au bout. Ça va pas du tout ! Je vais te donner un petit conseil : si un jour tu veux participer au petit monde de la BD pour faire des critiques ou des trucs dans le genre, sois plus synthétique car, sinon, tu vas trop les saouler, les gens. De rien, c’est cadeau, j’aime bien soutenir les p’tits jeunes qui montent.
Et qu’est-ce que tu nous dis dans ta lettre ? Que le festival d’Angoulême, c’est tout moisi du bulbe ? Ben oui, c’est tout pourri mais tout le monde le sait depuis longtemps : les visiteurs, les artistes, les éditeurs... Je sens que tu vas me demander pourquoi tout le monde y va si ça sent si mauvais de dessous les bras ? Et bien, c’est comme l’enterrement de tonton René à Lamotte-Beuvron, ça emmerde tout le monde de prendre la voiture pour le trou des fesses du monde mais comme les occasions de se réunir se font rares et bien on y va quand même. Et comme il disait l’autre moustachu : les copains d’abord...
D’ailleurs, les copains, c’est pas ton truc à toi. Après avoir comparé la joyeuse bande d’auteurs à une "armée mexicaine", voici que tu les traites de terroristes ("L’attentat contre l’Académie des Grands Prix") qui n’ont rien compris à leur job ("des nouveaux talents peu armés pour se défendre face aux enjeux actuels"). Et bien moi je te tire mon chapeau car pour s’en prendre, comme ça, à des milliers de camarades de jeu, il faut en avoir dans le slip. Ou alors être un peu con, faut voir. Et d’ailleurs, tu as bien fait de balancer leur chef de bande, Lewis le fourbe ("Lewis Trondheim [...] est à l’origine de la crise de l’Académie des Grands Prix"). Je ne l’aime pas non plus, moi, ce type-là, avec ses petits yeux sournois et sa calvitie qui en dit long. D’ailleurs, il a fait quoi Trondheim pour la BD, hein, je te le demande, franchement, à part dessiner des canards ? Et mal, en plus...
C’est pas comme toi, Super-Doudou, car toi, au moins tu as fait... Enfin, tu... Ben oui, au fait, tu fais quoi, toi, pour la BD ? À part le petit reflux gastrique annuel, j’entends ? Ne le prend pas personnellement car je pourrais en dire autant des "sages" ou même de "l’ambassadeur de la BD" mais c’est vrai qu’on ne vous voit pas trop sur le terrain le reste de l’année. Willem, par exemple, on sent bien que c’est plutôt un bon plan pour ramener de la be-her tranquille-émile, mais en tant qu’ambassadeur, il était sur quels fronts ? Il a fait quoi pour les dessineux sympathiques-mais-un-peu-neuneu ? Sûrement un énorme travail de l’ombre du genre vachement important mais qui ne se voit pas...
Et bien tu vois, quitte à ne rien voir, je préfère largement un Moore, un Watterson ou un Otomo car, eux, au moins, ils nous ont claqué la tête avec des chefs-d’œuvres incroyables. On a tous leurs bouquins chez nous et on aime les montrer avec un émerveillement non feint au p’tit gars qui veut s’initier à la BD : "Lis ça, petit, c’est génial ! Gé-nial". Enfin, c’est comme ça que ça se passe chez nous. Mais chez toi CA doit être sympa aussi, hein, je dis pas : "Non, Alan Moore, c’est trop scolaire, lis plutôt Willem, lui c’est vraiment un aréopagite".
A ce sujet, tu feras très attention à ce qu’on ne confonde pas aréopage et aérophage car l’un fait du vent et sent mauvais tandis que l’autre... Ah ben l’autre aussi, en fait. Ben oui, faire le buzz avec des sujets pas très sympathoches, ça fait remonter des odeurs pas très nettes des canalisations. On a pu le voir ces dernières semaines avec un humoriste qui a squatté l’actualité et, franchement, c’était moyennement rigolo. Mais t’es pas comme ça toi, hein ? Toi, tu fais partie de la grande famille de la BD qui n’est que cases et amour, hein, mon grand ?
Sur ce, Didier, porte-toi bien, continue l’oasis, apparemment ça te réussit, et passe un bon festoche !
Bisou
Ton Nico
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