Le procès du siècle
Le 10 novembre 2011
Portrait de femme, histoire d’amour et film de procès, Madeleine est tout cela à la fois... et c’est passionnant.
- Réalisateur : David Lean
- Acteurs : Leslie Banks, Ivan Desny, Ann Todd, Norman Wooland, Barbara Everest
- Genre : Drame
- Nationalité : Britannique
- Editeur vidéo : Carlotta Films
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 9 octobre 1951
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– Année de production : 1950
Portrait de femme, histoire d’amour et film de procès, Madeleine est tout cela à la fois... et c’est passionnant.
L’argument : Issue de la riche bourgeoisie de Glasgow, Madeleine Smith tombe amoureuse d’un jeune français, Emile L’Angelier. Madeleine est inquiète à l’idée de présenter cet homme de condition modeste à son père qui aimerait qu’elle se marie avec un homme riche.
Notre avis : Adaptation d’un fait divers qui défraya la chronique en 1857, Madeleine démarre par un joli portrait de femme et une histoire d’amour classique dans son intrigue, ancrée dans une certaine réalité sociale, celle d’une femme riche, éprise d’un jeune homme aux origines humbles. Le raffinement visuel est évident, mais la progression narrative manifeste quelques difficultés, notamment à établir les intentions du cinéaste. Ces considérations sont toutefois largement compensées par l’atmosphère étrange qui émane du film, à l’image de sa belle et mystérieuse héroïne.
Alors que le scénario aboutit en cours de route au meurtre de l’amant, il est ici autant question de traiter d’une romance impossible sur fond d’opposition sociale que de dessiner le portrait ambigu et fascinant, à de nombreux égards, d’une femme hors de tout soupçon. Le personnage de Madeleine Smith, beau, sensible, raffiné, trouve en Ann Todd une interprète idéale pour troubler le récit : il est, a priori, impossible de l’imaginer coupable.
Nous avons beau prendre partie corps et âme pour cette douce et séduisante héroïne tragique, le doute n’en est pas moins réel, comme en témoigne le procès qui découlera afin de savoir si celle-ci est bien la meurtrière de son bien-aimé, décédé après avoir avalé de l’arsenic.
Alors que sa culpabilité ne fait presque aucun doute après avoir entendu le réquisitoire du procureur, notre perception change diamétralement lorsque nous entendons le contre-interrogatoire passionné et magnifique de son avocat. Sans jamais trahir le déroulement du procès ni son dénouement, David Lean crée à la fois un suspense quasi-insoutenable et un très beau personnage de cinéma, qui laisse des traces longtemps après le visionnage du film.
Mal accueilli lors de sa sortie, Madeleine apparaît ainsi comme une oeuvre à réévaluer d’urgence tant par sa savoureuse ambiguïté que son éblouissante modernité technique, à l’image d’un procès merveilleux dans sa construction, un petit film à lui seul ! Belle réussite.
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