Le 29 août 2022
David Lean signe une comédie amusante et vigoureuse, qui s’appuie sur une interprétation et une réalisation des plus soignées.
- Réalisateur : David Lean
- Acteurs : Charles Laughton, John Mills, Brenda de Banzie, Richard Wattis, John Laurie, Prunella Scales
- Genre : Comédie dramatique, Romance, Noir et blanc
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Tamasa Distribution
- Editeur vidéo : Tamasa
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 29 août 2022 13:35
- Chaîne : Arte
- Reprise: 4 décembre 2024
- Box-office : 126.438 entrées France / 45.537 entrées P.P.
- Titre original : Hobson's Choice
- Date de sortie : 17 décembre 1954
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Un maître bottier avare et ivrogne exploite sans vergogne le dévouement de ses trois filles et leur refuse la dot nécessaire à leur mariage. Mais c’est sans compter sur l’habileté des demoiselles.
Critique Chaussure à son pied appartient à la première partie de la carrière de David Lean, avant qu’il ne devienne le roi de la superproduction, qu’il tourne Le pont de la rivière Kwai ou Lawrence d’Arabie ; d’une certaine manière, c’est une époque plus libre pour lui, comme en témoigne cette comédie acerbe et joyeuse, menée par un Charles Laughton royal, jamais loin d’un cabotinage éhonté. À travers une histoire minuscule (la fille d’un bottier le défie en se mariant avec son employé), Lean fait plus qu’animer des personnages archétypaux, il recrée une Angleterre du XIXème siècle des plus précises : les échoppes, les arrière-boutiques, les usines fumantes en arrière-plan, un intérieur miséreux ou la rue pavée ; tout y sent, non pas la reconstitution besogneuse, mais la fabrication minutieuse, presque artisanale, d’un décor nécessaire et signifiant. On reste abasourdi par ce luxe de détails, d’autant que les éclairages et la magnifique utilisation du noir et blanc ajoutent à la beauté d’une image cossue.
Mais l’essentiel, dans une comédie, c’est le rythme, et Chaussure à son pied n’en manque pas : en fondant son articulation sur une opposition forte, celle de Maggie, la fille énergique, autoritaire, manipulatrice, et son père, faux tyran rondouillard, le film parvient à un équilibre qui ne se dément pas ; de même l’alternance de séquences enlevées et de respirations, portées surtout par le mari benêt et attendrissant (il faut le voir se préparer à sa nuit de noces pour comprendre), empêche-t-elle la lassitude pendant ces presque deux heures.
Nombre de séquences, et ce dès l’ouverture avec ce travelling sur des enseignes grinçantes, sont menées de main de maître ; Lean a déjà du métier lorsqu’il aborde ce film, et sa rigueur fait merveille : ainsi du plan de l’accord qui révèle la manipulation, fondé sur une impeccable symétrie. La facture classique correspond parfaitement à une intrigue claire, au sens où l’on parle de ligne claire.
Si on sourit souvent en regardant ce métrage charmant, grâce à des situations incongrues et des dialogues soigneusement écrits (« Si la boisson doit me vaincre, je mourrai en combattant », dit le père), ni la cruauté ni l’émotion n’en sont absentes. Du dédain des sœurs envers l’ouvrier à la course émue de ce dernier, c’est tout un panel de sentiments qu’une musique souvent sautillante accompagne plaisamment. Néanmoins, presque en passant, Chaussure à son pied égratigne des conventions, décrit une société pas vraiment brillante (voir les habitués du bar, définis lucidement dans un moment d’ivresse), mais glorifie l’honnêteté et le courage. Bref, une bonne petite leçon de morale à l’ancienne, sans moralisme et avec allégresse. On pourra toujours déplorer de petites fautes de goût (les hallucinations, par exemple), mais l’ensemble possède un charme infini.
Test Blu-ray
Les suppléments :
Le bon livret d’Eva Markovitz est une défense et illustration de David Lean, un peu brève cependant, même si elle met l’accent à juste titre sur le dédain qui l’accompagne depuis longtemps, suivie d’une notule sur Charles Laughton, rapide jusqu’à l’approximation : peut-on réellement dire que le héros de L’extravagant Mr Ruggles est un « salaud » ou que La nuit du chasseur est méconnu ?
Sur le Blu-ray, les témoignages de Norman Spencer, coproducteur du film (14mn), et de Prunella Scales (6mn) louent le talent de Lean avec émotion. À quoi s’ajoute une galerie photos.
L’image :
Du pavé brillant sous la pluie aux intérieurs surchargés, c’est la même précision, la même beauté des contrastes, la même profondeur des noirs. Tout au plus peut-on remarquer un plan griffé, aussi fugitif qu’isolé.
Le son :
Bien sûr, la seule piste disponible est loin des canons actuels, mais les dialogues retranscrivent toutes les nuances, et la musique a l’ampleur nécessaire pour souligner des effets comiques. Pas de VF.
– Sortie du combo Blu-ray + DVD : 5 mars 2019
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.